Mathieu et Lancelot : de l'apprentissage à l'installation
Partager la page
À la ferme de la biodiversité, à Gouy L'hôpital (Picardie), Mathieu Devienne et son apprenti Lancelot Thorrignac sont unanimes : « un travail trop répétitif », très peu pour eux ! 60 vaches mères, presque autant de petits veaux, 250 hectares de surface, le tout en bio… les activités ne manquent pas.
« Je travaille une semaine sur deux sur l'exploitation de Mathieu », explique Lancelot, âgé de dix-huit ans. « Le reste du temps, je poursuis ma première année de BTS agronomie et productions végétales au lycée le Paraclet (Amiens). Le matin, on descend aux vaches faire la ration, pailler, nourrir les petits veaux. Je m'occupe aussi des légumes et du transport jusqu'aux coopératives. » Au fur et à mesure, Mathieu confie de plus en plus de tâches à son apprenti. « L'objectif : qu'il soit le plus autonome possible, tout en veillant à sa sécurité et en gardant un œil vigilant ».
Machinisme, élevage, agronomie… le jeune homme s'intéresse à l'agriculture sous toutes ses formes. Une passion que Lancelot – aussi connu sous le pseudonyme de ltagrividéo – partage avec le grand public. En effet, il fait partie des tous premiers agriculteurs à se lancer sur Youtube : « en 2011, j'avais dix ans. Avec mon meilleur ami, on a commencé à diffuser des vidéos sur l'agriculture, les travaux des champs avec mon caméscope. »
Lancelot parvient à réserver des heures pour sa deuxième passion : le hockey. « Je suis en sport études, Mathieu m'a permis d'aménager mes horaires sur la ferme pour pouvoir aller m’entraîner à Amiens deux matins par semaines. Et le week-end, j'enchaîne les compétitions à travers la France. »
Les projets de Lancelot ? « Poursuivre mes études avec peut-être une Licence, m'associer ou m'installer, si possible dans la région et pourquoi pas en bio, c'est l'avenir. Mes parents me soutiennent dans mon projet. »
« Je suis dans la marmite depuis tout petit »
S'installer ? C'est le projet que Mathieu Devienne a réalisé, il y a presque huit ans. « Je suis dans la marmite depuis tout petit », raconte ce petit-fils, fils, frère et beau-frère d'agriculteurs. « Mes grands-parents se sont installés dans la région dans l'après-guerre, ils ont transformé un élevage laitier en élevage allaitant. »
Après un BAC S, Mathieu réalise un BTS, un certificat de spécialisation machinisme puis un certificat de spécialisation technico-commercial. À vingt-neuf ans, Mathieu s'associe en GAEC (groupement agricole d'exploitation en commun) avec son frère Damien. Ils reprennent tous deux la ferme familiale. « C'est important de réfléchir à son projet et de bien le définir quand on s'installe », conseille Mathieu. « On s'engage pour des années ! »
Les deux frères décident de se convertir à l'agriculture biologique. « Il n'y avait pas encore beaucoup d'exploitations engagées en bio quand on s'est lancé. Alors, on est allé se former dans des fermes voisines. Il fallait se rassurer au préalable. Et on s'est rendu compte que faire du bio, c'était faisable. » C'est ainsi que le GAEC de la verte vallée (désormais appelé « ferme de la bio-diversité ») commence l'aventure du bio en 2014. Depuis 2017, Mathieu s'est associé à Simon Lenoir, ce qui a permis d'augmenter la surface de l'exploitation avec la reprise de la ferme familiale de Simon.
Cidre, jus de pomme, viande bovine blonde d'Aquitaine et croisée Aubrac… La majorité des produits sont vendus dans des coopératives et en circuit court. En 2019, l'ensemble des productions de l'exploitation sera 100% bio.
Galerie d'images
Voir aussi
Théo, futur éleveur et youtubeur
04 mars 2019Enseignement & recherche
Lucie Druet : « Les places sont limitées en prépa vétérinaire, mais je suis déterminée »
03 février 2021Enseignement & recherche
Camille, paysagiste, veut faire renaître le vignoble des Coteaux de Giverny
07 mars 2019Enseignement & recherche