Maladies animales : la fièvre virale de West Nile
Partager la page
GENERALITES SUR LA MALADIE :
La fièvre virale West-Nile, également connue sous la nom de "maladie à virus du Nil Occidental" est une affection virale transmise exclusivement par des moustiques. La fièvre West-Nile est une zoonose, ce qui signifie qu’elle affecte à la fois l’homme et de nombreuses espèces animales domestiques ou sauvage.
Chez l’homme, la maladie passe habituellement inaperçue et se manifeste uniquement par des symptômes de type grippal. La fièvre West-Nile peut toutefois se compliquer sous la forme d’un syndrome de méningo-encéphalite dont l’issue peut être fatale, notamment chez les individus âgés ou immuno-déprimés. En 2003, sept cas humains ont ainsi été diagnostiqués dans le département du Var.
Le virus responsable de cette affection se multiplie dans l’organisme d’insectes hématophages infectés à partir des oiseaux sauvages qui jouent le rôle de réservoir de la maladie. De nombreuses espèces de moustiques peuvent servir de vecteur naturel mais le principal vecteur supposé en Europe est le Culex pipiens.
Le cheval, hôte accidentel du virus au même titre que l’homme, constitue un cul de sac épidémiologique à partir duquel les moustiques ne peuvent s’infecter. La maladie se manifeste chez les équidés soit sous une forme fébrile pure, souvent inapparente, soit sous une forme nerveuse (abattement, tremblements, parésie, ataxie). Une guérison spontanée intervient généralement en 20 à 30 jours mais des formes graves avec paralysie et mort peuvent survenir.
La détection par les vétérinaires sanitaires de cas cliniques chez les équidés constitue un signal d’alerte majeur en révélant une circulation virale. Ce dispositif d’alerte vise notamment à informer les populations exposées et ainsi à prévenir de possibles contaminations humaines dans les zones identifiées comme à risques.
- Circulaire DGAL/SDSPA/C2009-8005 du 5 août 2009 relative aux mesuresvisant à limiter la circulation du virus West Nile en Francemétropolitaine et
- Guide de procédures de lutte contre la circulationdu virus West Nile en France métropolitaine (version 2009)".
Bilans
La surveillance du virus West Nile en France en 2003
1. Surveillance en région Camargue en 2003
Comme suite à l’épidémie équine d’encéphalite West-Nile survenue au cours de l’été 2000 dans la région de Montpellier (76 cas équins, absence de cas humains), un dispositif de surveillance multidisciplinaire a été élaboré en 2001, en collaboration entre la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Ce dispositif visant à détecter le plus précocement possible toute circulation virale et permettre ainsi la mise en œuvre des actions de prévention des maladies humaines et équines, a été maintenu en 2003 en région Camargue.
Le système de surveillance vétérinaire repose sur 2 volets complémentaires :
- une surveillance des cas équins,
-une surveillance de l’avifaune sauvage.
a) Surveillance des équidés en Camargue en 2003 :
Le système de surveillance est basé sur la déclaration et l’investigation par les vétérinaires sanitaires de tous les cas cliniques suspects présentant des signes d’appel tels qu’une hyperthermie, une parésie, une ataxie ou un trouble d’origine cérébelleuse.
Au cours de l’année 2003, 3 suspicions cliniques (deux dans le Gard et une dans les Bouches-du-Rhône) ont été déclarées et ont fait l’objet d’analyses sérologiques (recherche d’anticorps par technique ELISA) réalisées par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA). Tous les prélèvements reçus se sont avérés négatifs.
b) Surveillance de l’avifaune camarguaise en 2003 :
L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a été chargée de reconduire en 2003 le programme de surveillance de l’avifaune sur la totalité de la région camarguaise (Hérault, Gard et Bouches du Rhône). Cette action est basée sur :
- un système de surveillance accrue des cas de mortalité dans l’avifaune et l’analyse des cadavres. Ce dispositif a été élargi en 2003 aux régions côtières de l’Aude et des Pyrénées-Orientales.
-un suivi sérologique d’oiseaux sentinelles destiné à détecter précocement d’éventuelles séroconversions. Le protocole prévoyait en 2003 un contrôle toutes les 6 semaines, entre le mois de mai et le mois de novembre 2003, de 170 oiseaux répartis sur 16 sites (canards appelants et volailles domestiques).
Les résultats de la surveillance 2003 s’établissent comme suit :
- Surveillance des mortalités
Au total, 31 analyses virologiques ont été réalisées sur des encéphales d’oiseaux sauvages d’espèces diverses, trouvés morts dans la zone de surveillance (départements 66, 11, 34, 30 et 13) entre août et octobre 2003. Aucun virus West Nile n’a été identifié.
Depuis l’année 2000, date à laquelle le virus a été détecté chez le cheval en Camargue, aucune mortalité aviaire imputable au virus West Nile n’a été constatée.
- Suivi d’oiseaux sentinelles :
185 oiseaux sentinelles (dont 22 poules et 163 canards appelants), répartis sur 16 sites ont été suivis sérologiquement avec une moyenne de 4 prélèvements par site durant la période de surveillance. 730 analyses sérologiques ont été réalisées. Aucune séroconversion n’a été constatée.
La surveillance conduite en Camargue en 2003, selon un dispositif équivalent à celui mis en place en 2001 et 2002, n’a pas, contrairement aux années précédentes, mis en évidence de circulation du virus de la West-Nile dans cette région.
2. Infections humaines et équines à virus West-Nile dans le Var en 2003
a) Déclenchement de l’alerte
Un cas humain de méningo-encéphalite à virus West-Nile a été signalé le 6 octobre 2003 par le Centre national de référence (CNR) des Arbovirus, chez un patient résidant dans le département du Var. Le cas a présenté les premiers symptômes au cours du mois de septembre 2003. L’évolution de son état de santé a été favorable.
En parallèle, un cas probable d’encéphalite à virus West-Nile chez un cheval vivant également le Var a été rapporté le 10 octobre 2003 par le laboratoire de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) de Maisons-Alfort.
Sans permettre d’exclure formellement une autre zone de contamination pour le cas humain, la survenue d’un cas humain et d’un cas équin dans le même département et au cours du même mois a suggéré fortement une circulation virale dans le Var. Des investigations tant humaines que vétérinaires ont donc été conduites.
b) Mesures vétérinaires mises en œuvre vis à vis des équidés
- Les directions départementales des services vétérinaires ont été chargées de sensibiliser les vétérinaires des départements du pourtour méditerranéen à la détection de nouveaux cas cliniques équins.
- Une recherche rétrospective de cas cliniques équins a été organisée dans le département du Var. Les chevaux ayant présenté des symptômes nerveux depuis l’été 2003 ont été soumis à un examen sérologique destiné à rechercher une infection récente par le virus West-Nile.
- Une enquête de séroprévalence a été conduite sur des chevaux situés dans un rayon de 30 kilomètres autour de la commune où avait été décelé le premier cas équin.
c) Résultats des enquêtes vétérinaires
- La recherche de cas cliniques équins a permis de confirmer 3 autres cas dans le Var. Les animaux ont présenté des symptômes vers la mi-septembre 2003. Un cheval a été euthanasié. L’évolution de l’état de santé des autres animaux a été favorable.
- L’enquête de séroprévalence a concerné 906 chevaux. Les sérologies se sont révélées positives en IgG dans 305 cas, ce qui témoigne d’une circulation importante du virus West-Nile dans le département du Var.
CONCLUSION :
L’identification de cas cliniques humains (7) et équins (4) d’encéphalite à virus West-Nile dans le département du Var en 2003 témoigne du caractère largement imprévisible de l’apparition du virus et de l’intensité de sa circulation. Elles dépendent en effet de la conjonction de nombreux facteurs écologiques et climatiques.
A la lumière de ces données épidémiologiques, le dispositif de surveillance vétérinaire français sera renforcé en 2004, dans un objectif d’alerte précoce des populations exposées.
Ainsi une information et une sensibilisation des vétérinaires au diagnostic clinique de la fièvre West-Nile chez le cheval seront conduits en 2004 par les Directions départementales des services vétérinaires (DDSV). Cette sensibilisation des professionnels vise à assurer une bonne déclaration des suspicions de cas équins sur l’ensemble du territoire français. En parallèle, le dispositif de surveillance de la mortalité au sein de l’avifaune sauvage sera également étendu.
L’apparition de cas humains de fièvre West-Nile en France en 2003 et l’exemple des Etats-Unis où plus de 400 décès ont été observés depuis 1999, démontre toute l’importance du dispositif de surveillance vétérinaire qui associe les différents acteurs de la santé animale (éleveurs, vétérinaires, DDSV, Direction générale de l’alimentation, Agence française de sécurité sanitaire des aliments, Office national de la chasse et de la faune sauvage et laboratoires vétérinaires d’analyses).
La surveillance du virus West Nile en France en 2002 : rapport d’étape au 30 août 2002
M. Grégory (Direction générale de l’alimentation), J. Hars (Office national de la chasse et de la faune sauvage) S. Zientara (Agence française de sécurité sanitaire des aliments)
Au cours de l’été 2000, des cas d’encéphalite liés au virus West Nile (WN) ont été identifiés chez des chevaux dans la région de Montpellier. Très rapidement une surveillance des éventuels cas cliniques d’encéphalite et de méningite chez l’homme et le cheval survenant dans la zone a été instaurée, identifiant une importante circulation virale chez les chevaux avec 76 chevaux cliniquement atteints et une séroprévalence de 8,3 %parmi les 5 133 chevaux testés ne présentant pas de symptômes. Aucun cas clinique humain n’a été identifié.
En 2001, un dispositif de surveillance multidisciplinaire a été élaboré, en collaboration entre le ministère chargé de la santé, Direction Générale de la Santé (DGS) et le ministère de l’agriculture, Direction Générale de l’Alimentation (DGAL), afin de détecter le plus précocement possible toute circulation virale afin de mettre en oeuvre des actions de prévention des maladies humaines et équines si nécessaire et la sensibilisation des professionnels dans les zones à risque. Ce dispositif a permis de conclure en 2001, en l’absence de cas humain et de cas équin recensés corrélativement à la mise en évidence d’une seule séroconversion observée dans l’avifaune et l’absence de virus dans les pools de moustiques, que la circulation du virus WN en 2001 en France a été très faible.
Cette constatation en 2001 confirme l’hypothèse émise à la suite des études menées en 2000 que la Camargue serait une zone favorable au développement d’épizooties où des poussées virales ponctuelles (temporellement et/ou géographiquement), pouvant être responsables de la contamination d’hôtes accidentels (chevaux, homme), à la différence des zones enzootiques où le virus circule largement en induisant la présence d’anticorps sur une grande proportion d’hôtes (oiseau, cheval, homme).
Afin de pouvoir gérer ce risque, la poursuite d’une surveillance des hôtes-réservoirs potentiels et des hôtes accidentels dans les zones d’émergence potentielles (départements de l’Hérault, du Gard et des Bouches-du-Rhône) a donc été maintenue en 2002.
En 2002, trois volets de surveillance ont été retenu : une surveillance des cas humains, une surveillance des cas équins associée à un suivi sérologique d’une cohorte de chevaux et enfin une surveillance de l’avifaune.
Le présent rapport d’étape décrit le bilan des activités au 30/08/2002 des 2 volets "vétérinaires" de la surveillance du West Nile dans la zone à risque dont la coordination est assurée par la DGAL.
Surveillance des équidés en 2002 :
Ce volet inclut la surveillance des suspicions d’infection à virus West Nile qui s’inscrit dans un cadre réglementaire de déclaration obligatoire des suspicions et il est complété d’un suivi sérologique de 195 chevaux comprenant trois campagnes de prélèvement.
Surveillance des cas cliniques :
Le système de surveillance clinique de l’infection à virus WN chez les équidés a essentiellement pour objectif d’estimer l’incidence de la maladie : un cas est défini comme tout cheval, situé dans une région à risque qui présentait des symptômes évidents : hyperthermie, parésie, ataxie, troubles d’origine cérébelleuse. Il est donc basé sur la déclaration et l’investigation de tous les cas répertoriés par les vétérinaires sanitaires.
Du 1er juin au 30 août 2002, 4 cas suspects ont été répertoriés et fait l’objet d’analyses sérologiques (anticorps IgG WN par ELISA) réalisées par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de Maisons-Alfort. Tous les prélèvements reçus se sont avérés négatifs et permettent de conclure à l’absence d’infection par le virus WN pour les chevaux ayant présenté des signes nerveux.
L’impact de l’épizootie en 2000, la sensibilisation effectuée depuis deux ans auprès des éleveurs, propriétaires et des vétérinaires, l’implication des acteurs de la santé animale constituent les principaux éléments qui permettent objectivement de rejeter, jusqu’à ce jour, l’hypothèse d’un épisode clinique qui serait passé inaperçu chez le cheval.
Surveillance sérologique active :
Afin de compléter les données relatives à la surveillance de la circulation virale un programme spécifique de surveillance d’une cohorte de 195 équidés qui se sont avérés être séronégatifs en mars-avril a été mis en oeuvre en 2002, avec la collaboration de l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon, la société Mérial et l’AFSSA.
Ce programme prévoit sur la zone géographique à risque la réalisation de 3 campagnes de prélèvements sérologiques (juillet-septembre-novembre), effectuées par 17 vétérinaires praticiens, qui feront l’objet d’une analyse sérologique (anticorps IgG WN puis IgM ELISA) afin de détecter précocement d’éventuelles séroconversions.
La définition de la zone géographique et la répartition des écuries de chevaux dans la zone d’étude 2002 ( x : écuries de chevaux ) apparaît sur la carte n1.
Au 30 août 2002, la première de ces trois campagnes a été réalisée et a donnée d’ores et déjà lieu à l’analyse de 115 des 195 sérums collectés. Tous les prélèvements analysés à ce jour se sont avérés négatifs.
Sur l’avifaune camarguaise :
L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a été missionné pour reconduire en 2002 le programme de surveillance de l’avifaune sur la totalité de la région camarguaise dans les départements de l’Hérault, du Gard et des Bouches du Rhône.
Cette action reste basée sur :
Une surveillance des cas de mortalité dans l’avifaune, pour détecter une éventuelle introduction/circulation de souches virales à pathogénicité aviaire, assurée grâce au fonctionnement du réseau SAGIR. Celui-ci est activé localement par une campagne de sensibilisation incitant les usagers de la nature à déclarer les cadavres d’oiseaux trouvés sur le terrain.
Un suivi sérologique d’oiseaux sentinelles destiné à détecter le plus précocement possible d’éventuelles séroconversions.
Le protocole prévoit un contrôle toutes les 6 semaines, entre le mois de mai et le mois de novembre 2002 :
de 150 canards appelants répartis sur 15 sites et prélevés par les services départementaux de l’ONCFS
de 150 volailles domestiques réparties dans 15 élevages et prélevées par des vétérinaires praticiens
Au 30/08/2002, les résultats de la surveillance s’établissaient comme suit :
Mortalité :
Des cas de mortalité aviaire ont été répertoriés à partir du 5 août 2002 :
05/08/2002 : 5 moineaux sur la commune de Vauvert (Gard) ; cause inconnue.
05/08/2002 : 4 canards appelants du site 3405 (Hérault) morts subitement ; diagnostic d’entérite infectieuses.
11/08/2002 : 1 tourterelle à Martigues (Bouches du Rhône) ; diagnostic de trichomonose.
23/08/2002 : 1 canard sauvage sur l’étang de Thau (Hérault) ; cause inconnue.
6/08/2002 : 3 canards sauvages sur la commune de Fleury d’Aude à l’est du département de l’Aude près de l’Hérault ; cause inconnue.
Tous ces oiseaux, sauf les 5 premiers moineaux qui étaient en mauvais état de conservation, ont fait l’objet d’un prélèvement de tête pour recherche du virus West Nile au CNR Arboviroses. Les analyses sont en cours.
14 sites de canards appelants et 11 élevages de volailles ont été suivis.
L’objectif prévu dans le protocole n’a pas été atteint. Ceci est dû à l’impossibilité de trouver un nombre suffisant de propriétaires volontaires pour mettre leurs oiseaux à disposition, dans un contexte où la fièvre de West Nile ne s’est pas manifestée depuis l’automne 2000.
Sur 604 analyses sérologiques faites au CNR arboviroses à la date du 13 août 2002, 8 résultats positifs ont été observés. Il s’agissait toujours d’oiseaux adultes contrôlés pour la première fois (ayant probablement acquis des anticorps en 2000) et remplacés au contrôle suivant.
Une séroconversion a cependant été observée le 10 août 2002 sur une poule de la commune de Gallargues-sur Monteux (site 3014). Sa séropositivité a été confirmée le 28 août 2002.
Comme ce fut le cas en 2001, cette information va donc donner lieu au renforcement des mesures de surveillance dans ce secteur afin de confirmer la donnée et évaluer le cas échéant l’impact de la circulation virale. L’ensemble des oiseaux sentinelles présents sur les sites département du Gard et la zone Est de l’Hérault seront ainsi reprélevés et analysés dans le courrant de la semaine 37.
Conclusion :
Les différents acteurs de la santé animale (vétérinaires, directions des services vétérinaires, direction générale de l’alimentation, office national de la chasse et de la faune sauvage, éleveurs, laboratoires vétérinaires départementaux) ont, à nouveau, tous été impliqués à des degrés divers dans la surveillance de l’infection à virus WN chez les équidés en 2002.
Les premières données, recueillies au 30 août 2002, du programme de surveillance 2002 rapportent une situation identique à celle connue en France 2001. L’apparition du virus WN et l’intensité de sa circulation, capable d’engendrer un risque plus ou moins grand pour la santé animale et humaine, restent donc largement imprévisibles car elles dépendent de la conjonction de nombreux facteurs écologiques et climatiques.
Ces informations justifient donc l’importance du dispositif de surveillance mis en place qui peut légitimement être considéré comme un bon outil de surveillance du virus West Nile.