Lutte contre les violences scolaires : l’enseignement agricole s’engage !

Lors d’ateliers d’expression et de création artistique, la parole se libère, les adultes entrevoient les remous de l’adolescence. Qu’y a-t-il à l’intérieur d’un adolescent - homard, si fragile au moment de sa mue ? "Un petit cerveau qui rêve d’évasion, il n’ose le dire à personne / mais il rêve de sortir de l’eau, de partir à la découverte du monde. / On y trouverait aussi un complexe, marre de traîner ses grosses pinces partout où il va et de devoir se battre tout le temps." Ces mots d’élève ont été écrits lors d’un atelier de création artistique dans une classe de Première STAV du lycée agricole Théodore Monod. Ce projet, et la diffusion d’un carnet reprenant ces créations, est un des exemples d’actions mises en place dans l’enseignement agricole pour lutter contre les violences scolaires.

A travers des débats et des ateliers d’expression, du théâtre, des ateliers d’écriture, des ateliers de paroles, des projets artistiques, les « grands sujets » peuvent être abordés avec les élèves : le respect, la loi, l’histoire, la communication, l’écoute, la coopération, la découverte de l’autre, les émotions, le mal-être... Claire Pailharey, animatrice du réseau RESEDA, dont l’enjeu est de favoriser la conduite de projets innovants pour la prévention, explique : « Prendre le temps d’écouter l’adolescent est primordial car il possède en lui les aptitudes à affronter les difficultés comme de développer sa capacité à choisir. » Au programme pour 2013-2014 : les élèves des lycées agricoles sont invités à imaginer une machine à émotions, "une machine qui, par différents leviers et mécanismes, pourrait transformer une émotion, ou faire partir une émotion pour en faire venir une autre, ou rendre visibles l’événement ou les souvenirs attachés à une émotion". Accepter et apprivoiser les émotions : pas toujours simple, mais si c’était vraiment là la clé de l’équilibre ?

Enseignants, conseillers principaux d’éducation, proviseurs, infirmières scolaires des établissements agricoles répartis sur le territoire : ils sont plus de six cent à participer au réseau RESEDA. Le réseau entretient un partenariat permanent avec la Direction Générale de la Santé, l’Institut National de Prévention et d’éducation pour la santé et la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies (MILDT). En plus des projets auxquels les jeunes participent, sont mises en place des formations à l’attention des acteurs de l’enseignement agricole pour prévenir les situations de violence et y faire face si ces situations surgissent. Des groupes de réflexion leur permettent d’échanger et de mutualiser leur expérience. « Nous considérons l’individu (élève, stagiaire, apprenti, étudiant… ou enseignant) dans sa globalité, dans ses dimensions physique, psychologique et sociale, dans un contexte familial, économique, culturel qui influence ses comportements, poursuit Claire Pailharey en citant la charte du réseau et les valeurs qui l’animent. Cette conception suppose de ne pas décider pour l’autre mais de réfléchir ensemble sur ses conduites, en permettant à chacun de devenir autonome dans la prise en charge de sa santé et de ses relations avec autrui. »

« Turbulences, remous de l’adolescence » : c’est autour de ce thème que les dernières rencontres du réseau RESEDA ont été organisées, du 15 au 17 octobre, à Bugeat, en Corrèze.