L’orientation des élèves vers l’enseignement agricole et son attractivité
Partager la page
Le CGAAER a été chargé d'analyser la baisse des effectifs de l’enseignement agricole et d'améliorer son attractivité.
Pascal Xicluna/agriculture.gouv.fr Rapport de mission de conseil n° 19069
Juin 2020
Mots-clés : Enseignement agricole, orientation des élèves, attractivité, offre de formation, communication
Enjeux
L’orientation des élèves s’inscrit dans un cadre institutionnel en pleine restructuration suite à la loi du 5 septembre 2018 qui a redéfini la répartition des compétences entre l’État et les régions en renforçant le rôle des conseils régionaux. L’État définit la politique nationale d’orientation et prend les décisions d’orientation et d’affectation des élèves dans les établissements scolaires. Les régions sont compétentes en matière d’information sur les métiers et les formations pour tous les publics, dont les scolaires et les étudiants.
Le développement des relations avec l'éducation nationale à tous les niveaux constitue également un enjeu essentiel pour l'enseignement agricole.
Dans ce contexte, le CGAAER a été chargé d’analyser la baisse des effectifs d’élèves observée depuis une dizaine d’années dans l’enseignement agricole et d’identifier les moyens d'améliorer la situation.
Méthodologie
La mission a procédé à une analyse détaillée des données statistiques sur les effectifs de la formation initiale scolaire dans l’enseignement agricole.
Elle a rencontré plus d’une centaine d’interlocuteurs nationaux, régionaux et locaux de l’orientation de l’éducation nationale et de l’enseignement agricole. Elle s’est déplacée en régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire et a échangé à distance avec la région Nouvelle Aquitaine en raison du confinement consécutif à la pandémie de Covid-19.
Enfin elle a réalisé une enquête auprès de tous les services de la formation et du développement des DRAAF et DAAF (Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt).
Résumé
Les effectifs de la formation initiale scolaire de l'enseignement agricole (EA) ont connu une baisse de près de 9 % de 2012 à 2018, avant de quasiment se stabiliser à la rentrée 2019. L'EA privé a connu une diminution plus marquée que l'EA public : -10 % contre -1 %. Les classes de collège, de baccalauréat professionnel et de baccalauréat général et technologique ont toutes été concernées par cette évolution. Seules les sections de CAPA, de BTSA et de classes préparatoires ont progressé. La filière « services à la personne » a été particulièrement affectée (-27 %) tandis que les filières de la production agricole et de l'aménagement ont vu leurs effectifs progresser légèrement.
Concernant les relations de l'enseignement agricole avec l'éducation nationale (EN), le rapprochement marqué aux niveaux national et régional contraste avec l'insuffisance des relations au niveau départemental et la méconnaissance de l’EA par une majorité de chefs d’établissements et d'enseignants des collèges et lycées de l’EN.
La mission a également examiné la question de la communication de l'enseignement agricole, pénalisée par l’image dégradée de l’agriculture et des métiers agricoles dans l’opinion publique, par la concurrence avec l’EN sur certaines filières et par un argumentaire qui nécessite d’être actualisé.
La mission recommande à la DGER et aux DRAAF de s'impliquer activement dans la politique d'information sur les formations et les métiers, en lien avec l'ONISEP et les régions. Elle préconise également aux DRAAF d’établir des conventions avec les recteurs permettant de pérenniser et de systématiser les temps d'information sur les formations de l'enseignement agricole et de missionner dans chaque département un représentant de l'enseignement agricole afin qu'il devienne l'interlocuteur du directeur académique des services de l'EN (DASEN) sur le sujet de l'orientation.
La mission insiste sur la nécessité, pour la DGER, d'harmoniser ses systèmes d'information avec ceux de l'Éducation nationale. Elle préconise d'élargir l'offre de formation du baccalauréat général et de mieux valoriser la spécialité « biologie-écologie » afin d'augmenter son attractivité.
Enfin, la mission recommande de renforcer la stratégie de communication externe de l'enseignement agricole en privilégiant l'entrée par les métiers porteurs des valeurs sociétales actuelles (agro-écologie, agriculture biologique, bien-être animal, circuits courts…) et en la déclinant au niveau régional et à l'échelle de chaque établissement, en partenariat avec les branches professionnelles et les conseils régionaux.