Les transitions mises en valeur au lycée agricole d'Obernai, en présence du directeur général de l'enseignement et de la recherche
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Le lycée agricole d’Obernai (Bas-Rhin), dont la production phare est le houblon, accueillait le 25 mai 2023 la journée de clôture du programme Ecophyto'TER impliquant cinq établissements de la région Grand Est. Les apprenants y ont abordé la question de la réduction des produits phytosanitaires par le jeu. Ce rendez-vous était placé sous le signe du Printemps des transitions, les transitions étant une préoccupation quotidienne pour le lycée d’Obernai. Une journée qui s’est déroulée en présence du directeur général de l’enseignement et de la recherche (DGER), Benoit Bonaimé.
Pouvez-vous présenter l'établissement et son contexte local ?
Thierry Girodot, directeur de l’EPLEFPA[1] du Bas-Rhin : Le lycée agricole d’Obernai accueille 1 100 apprenants en comptant les filières apprentissage et formation adulte. Du CAP à la licence pro, l’offre de formation est large : filières générales, technologiques et productions autour des métiers de l’agriculture, du machinisme, de l'aménagement paysager, jusqu’aux services à la personne, etc. Le lycée accueille tous les futurs professionnels du monde agricole, nouant ainsi des liens très forts avec la profession. Cela nous permet de développer différentes expérimentations. Notre dernier projet concerne la mise en place d’une « houblonnière de rupture », c'est-à-dire une parcelle expérimentale où l’on vise à améliorer la résilience de la culture du houblon face au changement climatique. Outre le houblon, culture phare, l’exploitation produit des grandes cultures en agriculture biologique et en conventionnel ainsi qu'un atelier taurillon (jeune taureau, NDLR) et deux ateliers de production d’énergie par la méthanisation et le photovoltaïque.
Quel évènement l'établissement a-t-il organisé dans le cadre du Printemps des transitions ?
Aurélie Iyapah, professeure d’agronomie, référente du plan Enseigner à produire autrement : Il y a trois ans, le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a lancé un appel à projets Ecophyto’TER. En réponse, sur tout le territoire national, se sont constitués des collectifs d’établissements d’enseignement agricole chargés de réfléchir sur des systèmes de cultures économes en produits phytopharmaceutiques. C'est ainsi que les établissements agricoles de Nevers, Quetigny, Valdoie et Vesoul se sont regroupés pour créer le collectif ATENA (Accompagner, Transférer et ENseigner l’Agroécologie dans le Nord-Est).
Le jeudi 25 mai 2023, il s'agissait de l’événement de clôture pour la région Grand Est de ce programme Ecophyto’TER, dans le cadre du Printemps des transitions. Ce challenge, aboutissement d'un travail de plus de trois ans, a réuni apprenants, enseignants, formateurs et directeurs d'exploitation. Ce fut un événement festif et riche en échanges pour les 200 jeunes des lycées agricoles présents.
Sur place, les élèves avaient préparé des jeux, des vidéos, des panneaux en lien avec les pratiques agricoles, les filières et la question de la réduction des produits phytosanitaires ou l’agroécologie. À Obernai, les cultures de houblon étant en bio, nous avons plus particulièrement travaillé sur la réduction de l’usage du cuivre. Avec trois classes de bac pro, bac techno et BTSA agronomie productions végétales, nous avons abordé trois thématiques : efficience ou réduction de l’usage du cuivre, substitution du cuivre par d’autres méthodes dont la lutte biologique, reconception des systèmes culturaux. Les élèves ont, entre autres, présenté ce jour-là un simulateur qui permet d’optimiser les réglages d’un atomiseur (machine utilisée pour la pulvérisation de produits, NDLR) pour traiter les cultures et que tout le monde pouvait manipuler. Quant à l’établissement de Nevers, il proposait un jeu de plateau inspiré du jeu de l’oie. Intitulé « Sauvons Bob », le circuit se présente sous la forme d’un ver de terre, qui est un indicateur visible et quantifiable de la santé et de la biodiversité du sol. Aborder ces questions par le jeu motive les élèves et favorise l’apprentissage. En tant qu’enseignante, j’apprécie cette dynamique de projet.
Comment votre établissement intègre-il la thématique des transitions de façon générale ?
Thierry Girodot : Cela fait longtemps que, des professeurs jusqu'au directeur d’exploitation, l’équipe du lycée s’implique sur ces thématiques via un travail sur la qualité des sols, l’agriculture biologique, le stockage du carbone avec la plantation de haies, etc. Cependant, les transitions, ce sont aussi l’application de la loi EGalim et la lutte contre le gaspillage alimentaire, ou encore le fait pour les professeurs de devoir enseigner l’incertitude, ce qui implique un changement dans leurs méthodes de travail.
Bénéficier de supports expérimentaux comme la houblonnière de rupture ou encore le programme Ecophyto’TER leur permet de mettre en place de nouvelles pédagogies. Et l'établissement d'Obernai est aussi le seul lycée en France à proposer un BPREA[2] en biodynamie depuis plus de 20 ans.
Que retenez-vous de l’évènement Printemps des transitions pour aujourd’hui et demain ?
Aurélie Iyapah : Au lycée agricole d'Obernai, les transitions font partie de notre culture. C'est donc en toute logique que nous nous sommes placés sous l’événement Printemps des transitions. C'est une continuité et une reconnaissance de nos actions.
[1] Établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricoles
[2] Brevet professionnel option Responsable d'entreprises agricoles
La seconde édition du Printemps des transitions, portée par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, s'est déroulée du 6 mars au 4 juin 2023. Il s’agissait d’un ensemble d’évènements mettant en lumière, dans chaque territoire, le passage à l’action des lycées agricoles.
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