27 septembre 2017 Publication

Les méthodes de formation par simulation dans les écoles nationales vétérinaires

  • Anne-Marie Vanelle
  • Pierre Saï

Le CGAAER a été chargé de proposer des pistes pour développer, dans les écoles nationales vétérinaires, la formation faisant appel aux techniques de simulation

Rapport de mission de conseil n° 16098 CGAAER

Mai 2017

Mots clés : formation, apprentissage, vétérinaire, écoles nationales vétérinaires, sciences pédagogiques, éthique, compétences, simulation, réalité virtuelle, IAVFF

Enjeux

Le développement de formation par simulation dans les écoles nationales vétérinaires (ENV) est un sujet qui dépasse la seule dimension technologique, car il répond à plusieurs enjeux : évolutions pédagogiques basées sur l’acquisition de compétences, révolution numérique, place de l’animal dans la société, rapprochement avec la santé humaine via le concept « Une santé », attractivité internationale, obligation de la formation continue des vétérinaires, coordination entre les écoles.

Méthodologie

Avant de proposer des pistes pour développer ces méthodes en formation initiale et continue, y compris à distance, un état des lieux a été dressé à partir de questionnaires, de visites des écoles et d’entretiens avec chaque directeur et avec les enseignants concernés.

Afin de disposer de points de comparaison, la mission a étudié l’organisation de la formation par simulation dans le secteur de la santé humaine. Elle a visité plusieurs unités de simulation dans les CHU d’Amiens, de Paris et de Nantes. La situation dans les établissements de formation vétérinaire à l’étranger a été analysée à partir de la bibliographie, des actes des colloques internationaux sur la simulation et des éléments d’information fournis par les portails Internet des facultés.

Résumé

En santé humaine, l'usage de la simulation pour la formation est encadré par une stratégie nationale, avec la recommandation « Jamais la première fois sur le patient ». Dans le secteur vétérinaire, cet usage, initié aux États-Unis, a gagné le Royaume-Uni et les pays de l’Europe du Nord, où il est désormais obligatoire.

La réflexion pédagogique collective concernant la simulation est encore peu avancée entre les quatre ENV françaises. Il existe entre elles une variabilité forte et un décalage conséquent avec le niveau des facultés de médecine et des universités vétérinaires étrangères. Une politique d’établissement, développée à ONIRIS depuis 2012 et à l’ENVA depuis 2015 avec des investissements notables en matériels et locaux de simulation, est en cours de réflexion à VetAgro Sup et l’ENVT.

Dans les écoles engagées, une douzaine d'équipements structurants ont été recensés. En revanche, aucune école ne s’est encore consacrée à la conception de « serious games » utilisant la simulation en réalité virtuelle ou augmentée.

La variabilité entre écoles traduit la difficulté de trouver un compromis entre l’autonomie pédagogique des établissements et l’élaboration d’une pédagogie commune. On constate déjà une dispersion des investissements et une moindre valorisation en termes d’attractivité et de référencement international. Si la situation perdurait, elle induirait un risque sur l’homogénéité des niveaux de compétences des diplômés.

La contrainte budgétaire implique de mobiliser des financements extérieurs : mécénats, chaires d’entreprises, subventions des collectivités territoriales et de l’ANR. De plus, le développement de la simulation implique la mobilisation en nombre suffisant de ressources humaines, formées et motivées, et la formation des encadrants à cette pédagogie, notamment grâce aux enseignements déjà existants dans les facultés de médecine humaine. Les coûts des formations par simulation ne doivent donc pas être sous-évalués. Pour autant, ils doivent être rapprochés des bénéfices escomptés.

Pour être pleinement efficaces, ces formations doivent s’organiser en un parcours comportant des phases d’apprentissage encadré, d’auto apprentissage, des tutorats entre étudiants, développant l’aptitude au travail en équipe. C'est pourquoi la mission recommande un plan national piloté par la tutelle, comportant une politique pédagogique coordonnée, un développement synchrone de la simulation entre les quatre écoles et un financement dédié.

Le développement de la formation par simulation appelle des programmes de formation et de recherche impliquant des encadrants des ENV et des universitaires, destinés à un public mixte d’étudiants vétérinaires et médecins dans le cadre de l’approche « Une santé ». Les programmes de recherche, indispensables pour enrichir les actions de formation, pourraient viser des développements d’outils en partenariat avec des entreprises afin d’influer sur la conception de ces outils, de compléter les financements et de renforcer la notoriété internationale.

La simulation devrait être également utilisée en formation continue.

Enfin, il serait bon de communiquer sur la formation par simulation, à l’instar de ce que font les universités vétérinaires des États-Unis et du Nord de l’Europe pour accroître leur attractivité.

Lien vers le rapport :


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