Les lycées agricoles au cœur du dispositif Ecophyto
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Parce qu’ils forment les agriculteurs d’aujourd’hui et de demain, les établissements d’enseignement agricole jouent un rôle central dans la mise en œuvre du plan Ecophyto.
À l’instar du lycée agricole de Saint-Paul à la Réunion.
Dans les missions pédagogiques assignées aux établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA), figurent notamment la conception, la valorisation et la diffusion de pratiques agricoles alternatives. Et sur l’Île de la Réunion, les formations à ces nouvelles techniques rencontrent un franc succès.
À la Réunion, depuis une dizaine d’années, les cultures agricoles se diversifient. Les produits maraîchers montent en puissance, tandis que la dépendance à la canne à sucre se réduit. L’Île se distingue ainsi des autres départements d’outre-mer (DOM), davantage marqués par les monocultures, comme celles de l’ananas ou de la banane. Cependant, cette nouvelle donne suppose l’acquisition de nouveaux savoir-faire. À cela s’ajoute un impératif aussi bien financier qu’écologique : réduire les coûts, particulièrement élevés dans les DOM, liés à l’importation de produits phytosanitaires. Face à ces enjeux, l’EPLEFPA de Saint-Paul apporte des solutions concrètes, notamment via son centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA).
Une réponse à des problématiques locales
Delphine Grare, formatrice au CFPPA enseigne aux agriculteurs-stagiaires comment réduire leur consommation en intrants tout en assurant une production agricole économiquement forte. Et ces derniers répondent présent.
« Tous les cours sont complets », se félicite-t-elle. Pourquoi un tel engouement ? « D’abord, la réduction de produits chimiques entraîne mécaniquement une baisse des coûts de production pour l’agriculteur. Ensuite, ces méthodes font écho aux pratiques traditionnelles. Les stagiaires me disent d’ailleurs souvent qu’elles leur rappellent celles utilisées par leurs grands-parents », constate l’enseignante.
Parmi les techniques enseignées, l’installation de bandes fleuries. Autrement dit, la présence de certaines espèces de fleurs permet l’installation d’ « insectes auxiliaires », prédateurs naturels des ravageurs des cultures. Autre exemple, la couverture végétale des sols avec de la paille de canne à sucre broyée constitue une alternative écologique au paillage plastique.
Le CFPPA mise aussi sur des solutions innovantes. Ainsi, pour lutter contre les « mouches des fruits », des chercheurs du CIRAD (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) ont mis au point des pièges efficaces et peu polluants. Ils contiennent un appât alimentaire mêlé à une dose extrêmement faible d’insecticide. Ce système, « très efficace » selon l’enseignante, évite toute application directe de produits chimiques sur les fruits. « On voit clairement une évolution dans les changements de pratiques des agriculteurs ».
Un établissement impliqué
Cet ancrage régional se traduit également par la participation de l’EPLEFPA dans les différents réseaux du monde agricole. À la Réunion, le Centre de production et d’expérimentation agricole (CPEA) interne à l’établissement a intégré le réseau des fermes DEPHY.
Il fournit de véritables références techniques reconnues par les professionnels de l’agriculture.
L’EPLEFPA est également impliqué dans l’établissement des Bulletins de Santé du Végétal (BSV). Disponibles sur les sites des Directions régionales de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF), les BSV apportent une information fiable sur la situation sanitaire des cultures grâce à un travail minutieux d’observation sur le terrain. Il s’agit d’aider les agriculteurs à mieux anticiper et cibler leurs interventions sur les cultures. L’objectif : limiter au strict nécessaire l’usage des intrants dans une perspective environnementale, mais également économique.