Les algorithmes au service de l’agro-écologie
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Michel Griffon, président de l'Association internationale pour une agriculture écologiquement intensive (AIE) nous parle du numérique, moteur de la transition agro-écologique de la ferme française.
A qui profite la révolution numérique ?
Le numérique s’installe à tous les stades de la production agricole, de la conception de l’itinéraire technique par l’agriculteur jusqu’au contrôle aval de la transformation. C’est une révolution qui profite à l’agriculteur !
Mais, si l’information issue des fermes est uniquement détenue par les entreprises privées, cela entrainera une asymétrie de l’information et une mauvaise répartition de la valeur ajoutée.
Elle profite aussi aux algorithmes ! Pour la première fois, une technologie traite le réel pour le simplifier puis prendre une décision, se substituant à l’agriculteur. Intervenant directement dans l’écosystème, l’algorithme acquiert ainsi le statut de fonctionnalité écologique !
C’est une nouvelle forme anthropisation de l’écosystème. Les sociétés doivent être capables de maîtriser et garder la réalisation des opérations et le contrôle sur ces algorithmes.
Le numérique peut-il être le moteur de la transition écologique de la ferme française ?
L’arrivée des outils numériques est une opportunité considérable pour l’écologie ; les données collectées en très grande quantité déboucheront sur de nouvelles découvertes et outils pour l’agriculteur.
Pour les exploitations -mais surtout pour le territoire-, drones, satellites, donnent des informations précises sur les situations nutritionnelles, les probabilités d’attaques de maladies et de ravageurs… La manière de faire de l’agro-écologie appuyée par le numérique sera beaucoup plus précise et intelligente. Il n’y aura pas de bonne agro-écologie sans numérique hyper développé et contrôlé par le collectif. A condition toujours que l’information reste totalement disponible et partagée pour servir une écologie au-delà de l’exploitation.
L’agro-écologie comme le numérique implique un changement d’échelle… Peut-on imaginer la disparition de l’exploitation ?
Ecologie et numérique dépassent l’échelle de la parcelle et de l’exploitation. Des territoires entiers deviendront « intelligents ». On visualisera l’humidité du sol, la qualité des hydrosystèmes, la circulation d’eau, la propagation des maladies des plantes et des animaux sur un bassin versant ou un même territoire… A l’aide de ce savoir, l’agriculteur interviendra avec une précision chirurgicale, plus efficacement, plus rapidement ! Ces opportunités intéresseront collectivement et créeront la nécessité de se regrouper. Investir dans le numérique nécessitera sans doute de s’organiser ensemble partager les coûts. Le numérique touche du doigt les enjeux d’agriculture individuelle et collective.
La révolution numérique n’accentuera pas la fracture entre petites et grandes exploitations ? Ne renforcera-t-elle pas l’inégalité des exploitations agricoles ?
Toute innovation pénètre de manière hétérogène sur un territoire. Les bouleversements qu’implique la révolution numérique nécessiteront plus encore de choisir notre modèle : une agriculture technologique rentabilisée par de grandes surfaces ou une agriculture familiale organisée dans un territoire.
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