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Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

28 février 2017 Info +

L'enseignement à l'heure du numérique

La révolution numérique dans l’enseignement supérieur, c’est l’opportunité de diffuser notre savoir à des millions de personnes en France et dans le monde. Et de valoriser à l’international le modèle d’enseignement agronomique français, appuyé par une recherche d’excellence. Explications de Philippe Prevost, chargé de coopération numérique à Agreenium.

Alors que notre recherche agronomique française se place au deuxième rang mondial, notre enseignement agronomique est lilliputien ! Malgré leur excellence, nos formations et nos écoles d’ingénieurs et vétérinaires ne sont pas assez présentes à l’international. Heureusement, le numérique bouleverse la donne : avec l’essor des technologies éducatives, l’enseignement en ligne – grâce aux vidéos, textes, serious game, travaux pratiques évalués par les pairs, etc. – propose des contenus diversifiés au service d’un savoir très pointu. Et, autre révolution, le contrôle des connaissances, avec validation des acquis, est désormais possible à distance : on est capable de contrôler l’apprenant présent devant l’ordinateur au moment de l’examen en ligne. Les MOOC, têtes d’affiche, font actuellement le buzz, mais ce sont bientôt des formations entières qui seront disponibles pour tous. Elles devront s’appuyer sur un modèle économique pérenne. En Australie, l’enseignement en ligne représente le cinquième secteur économique national.

L'expertise française

Aujourd’hui, un peu plus de 15 000 étudiants suivent l’enseignement agronomique et vétérinaire français. Dans 10 ans, ils pourraient être 150 000 grâce au numérique ! Certains suivront l’enseignement classique, d’autres seront en blended learning, mélange entre du présentiel et du distanciel. L’accompagnement des étudiants sera différent : c’est une nouvelle ère pour le corps professoral. Le mode de transmission du savoir est bouleversé : le cours sera conçu presque comme un film, où l’on aura intégré au service d’un même message plusieurs médias : vidéo, texte, infographie. Éditer, vulgariser, réduire l’approximatif, organiser le savoir et les documents que l’on met à disposition, et penser marketing pour être visible sur la toile. Les chercheurs, pas toujours impliqués dans des cours traditionnels, s’investissent déjà dans cette nouvelle diffusion du savoir : il est plus rapidement partagé, c’est passionnant. Notre enseignement agronomique professionnel et supérieur français a la particularité d’être pluridisciplinaire, de proposer des compétences « approche système ». Par ailleurs, nous sommes les seuls au monde à gérer cet enseignement dans une continuité du CAP au doctorat, dans un même ministère, et cela donne un modèle de développement agricole d’une force incroyable que l’on doit pouvoir valoriser à l’international ! Nous devons avoir une approche soft power et apporter cette expertise.

Un parcours de MOOC 100% formation agricole

@gropass propose dès la rentrée 2017 un accompagnement numérique personnalisé pour près de 190 apprentis autour de diplômes de l’agriculture, du CAP à l’ingénieur. Cette école agricole du numérique offre des formations aux étudiants pour une meilleure réussite scolaire et insertion professionnelle. Elle fournit en ligne des modules soutien « ludiques » pour les apprentis en difficultés d’apprentissage et des modules passerelle pour qui souhaite aller plus loin. Ce dispositif en ligne a déjà été testé cinq ans avec des BTS en préparation aux concours d’ingénieur. Les étudiants volontaires en BTS de toute la région ancienne Aquitaine se forment à distance en parallèle avec plus de 8 heures de cours par semaine en anglais, mathématiques, biologie, aisance orale, écrite… Bilan ? 40% de réussite en moyenne sur les concours d’ingénieur en agronomie. Une performance !