Le patrimoine audiovisuel du ministère, mémoire du monde agricole
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Créée au début du XXe siècle pour éduquer et former par l'image animée le monde rural aux dernières techniques agricoles, la cinémathèque du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s'est sans cesse adaptée aux évolutions technologiques de production et de diffusion audiovisuelles.
Source : La France agricole
La cinémathèque, un outil éducatif et populaire
L'enseignement rural par l'image animée naît précocement, dès 1912, porté par l'intérêt pour le développement économique et social des campagnes. Il faut toutefois attendre l'entre-deux-guerres et l'ambition d'Henri Queuille, ministre de l'Agriculture, pour que le cinématographe agricole soit créé par décret en 1923. Innovation pédagogique, le cinéma, alors réservé à une élite urbaine, offre à voir ce qu'un schéma ne parvient pas à montrer et pallie la faible alphabétisation de la population rurale de l'époque. Henri Queuille engage une profonde mutation des campagnes par l'introduction de la mécanisation et l'électrification des villages. La modernisation est l’objet de la « propagande » gouvernementale pour promouvoir l’hygiène, les bonnes pratiques agricoles, l’acquisition de machines...
Une politique volontaire, traduite en plan d'actions, généralise la production de films scientifiques et de fictions plus attrayantes, grâce à des concours d'agronomes-réalisateurs. L'octroi de subventions permet l'équipement des communes rurales en système de projection et la création de cinémathèques en région. Le financement est alors assuré par une taxe sur les paris équestres. Accueillies dans les salles communales ou paroissiales des hameaux les plus isolés, de véritables séances, avec actualités et film d’accompagnement montrent au public non initié les dernières connaissances scientifiques. Les agents du ministère sillonnent aussi les campagnes en camionnettes équipées de projecteurs.
Le cinématographe agricole est un événement à succès, il joue un rôle considérable pour la modernisation des campagnes. Très vite, il essaime en Europe, les pays échangent leurs productions.
Des films d'auteur pour la reconnaissance du monde rural
L'après-guerre ouvre une nouvelle ère pour la cinémathèque, sous la direction d'Armand Deleule-Chartier. S'il s'agit toujours d'éduquer, la population rurale est davantage scolarisée et familiarisée avec le cinéma, les attentes ont évolué. Fictions et témoignages sont plébiscités par le public.
De grands noms du cinéma comme Georges Rouquier (Farrebique, 1946) ou Dimitri Kirsanoff (Fait divers à Paris, 1949) produisent pour la cinémathèque des longs métrages. Elle devient un tremplin pour de jeunes réalisateurs comme Jacques Doillon, Alain Resnais, Jacques Demy ou Christian Carion. Ils introduiront des thématiques sociales du monde rural : l'exode, l'isolement, la pauvreté… Armand Chartier réalisera de nombreux documentaires louant les bienfaits de la modernisation agricole (Palot, 1947) et du courage des agriculteurs et des femmes de la ruralité. Alors que la télévision anime les foyers, la série Les voix (années 70), rend un hommage émouvant aux femmes rurales pour un large public.
De nos jours, le ministère conserve et valorise son patrimoine audiovisuel. Les productions ont évolué : reportages, animations, clips, stories sont désormais privilégiés pour sensibiliser le public grâce aux réseaux sociaux.
Les films de la cinémathèque et les productions photographiques, numérisés, du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sont accessibles sur le MédiaStore, notre plateforme audiovisuelle.
La cinémathèque et le Plan Marshall
Programme américain de prêts accordés aux États de l'Europe pour les aider à se reconstruire après la Seconde Guerre mondiale, le Plan Marshall prévoyait la diffusion de documentaires consacrés aux nouvelles techniques agricoles américaines ou européennes. La cinémathèque a la mission de diffuser largement ce fonds de 150 films.
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