Le corps des IPEF face aux défis du 21ème siècle
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Une mission interministérielle a été chargée d’examiner comment le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) pourra contribuer à l’action de l’État face aux enjeux du 21ème siècle.
Rapport de mission interministérielle d’expertise et de conseil n° 21047
Octobre 2021
Mots-clés : réforme de la haute fonction publique, gestion des ressources humaines, GPEC, ingénieurs, IPEF
Enjeux
Les thématiques climatique et environnementale, agricole et alimentaire, énergétiques et relatives aux ressources, sont identifiées par les études prospectives comme des enjeux planétaires majeurs à l'horizon 2050.
Relever ces défis, complexes et intriqués, requiert de mobiliser une intelligence collective et une approche transdisciplinaire. Quelle que soit la part des missions d’intérêt général dont l’État décide d’assumer directement la responsabilité, les compétences scientifiques et techniques de très haut niveau restent incontournables pour un exercice performant de fonctions-clés garantissant la synergie et l’équilibre entre secteurs public et privé : formulation stratégique, évaluation, autorités de régulation, normalisation, tutelle, gestion des risques et des crises, délégations et marchés…
Dans le contexte de la réforme en cours de la haute fonction publique, le CGEDD et le CGAAER ont été chargés d’examiner comment le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) pourra contribuer à l’action de l’État face aux enjeux du 21ème siècle.
Méthodologie
La mission interministérielle était composée de Denis Priou du CGEDD, de Geneviève Rey et Xavier Ory du CGAAER.
Elle a organisé des consultations collectives (réseau des ingénieurs ou inspecteurs généraux en appui aux personnes et aux structures (IGAPS) au ministère en charge de l’agriculture et des ingénieurs ou inspecteurs généraux des ressources humaines (IGRH) au ministère en charge de la transition écologique) et réalisé une quarantaine d’entretiens auprès d’employeurs et d’IPEF en positions d’activité diversifiées, ainsi qu’auprès d’organisations syndicales. Elle a exploité les bases de données disponibles et complété ses travaux par un sondage en ligne (plus de 900 réponses d’IPEF). Elle s’est également livrée à un retour d’expérience sur les recommandations formulées par les travaux antérieurs et deux consultations de la Commission d’orientation et de suivi des IPEF.
Résumé
Le corps des IPEF est composé de 3 105 ingénieurs en 2021, dont 32 % de femmes. Ils sont positionnés pour près de la moitié du corps au sein des ministères de la transition écologique, de l’agriculture et de quelques autres et pour 15 % en établissements publics (hors enseignement et recherche). Seuls 5 % des effectifs sont en collectivités territoriales ou à l’international. Le corps dispose de 7 voies d’accès qui recrutent annuellement 55 ingénieurs auxquels s’ajoutent de l’ordre de 4 détachements-intégrations. Les IPEF ont des parcours décloisonnés entre types de structures, avec une forte valence opérationnelle et de terrain. Les trajectoires individuelles sont diversifiées, les itinéraires sont variés tout en conservant une continuité « cœur de métier ». Le corps est avant tout un corps opérationnel, avec moins de 6 % des IPEF qui font plus de 85 % de leur carrière en administration centrale. Les domaines d’action du corps constituent le premier élément d’attractivité ; la thématique de la transition écologique et climatique est la principale motivation sectorielle. Elle est, pour les membres du corps, le champ de compétence prioritaire à développer pour les ingénieurs de l’État dans les dix prochaines années.
Dans le contexte de l’application de la réforme de la haute fonction publique aux corps techniques, les recommandations formulées se concentrent sur les opportunités et points de vigilance identifiés, quelle que soit l’option arbitrée in fine pour le devenir des corps d’ingénieurs de l’État.
La stratégie du corps des IPEF doit reposer sur deux objectifs : exercer des fonctions de direction sur les principaux secteurs de transition ; valoriser, au même niveau que celles-ci, la direction de projets et de programmes complexes et à enjeux multiples. La diversité des recrutements ainsi qu’une formation initiale délivrant un niveau technico-scientifique élevé et favorisant la transdisciplinarité sont essentielles. Un processus apprenant tout au long de la vie doit être instauré pour que l’IPEF puisse approfondir ses compétences et relever les défis mondiaux dans des postures diverses et enrichissantes. Toutefois, la baisse des effectifs à horizon 2060 est préoccupante au regard des enjeux, avec un risque de sous-criticité des compétences. Pour piloter les carrières des IPEF, la mission recommande l’instauration d’un écosystème RH qui dépasse largement la seule gestion administrative et qui propose un véritable accompagnement individualisé des agents. Enfin, l’attractivité de l’État pour des jeunes ingénieurs diplômés va devenir un enjeu majeur, au regard de l’évolution de leurs attentes en matière professionnelle.