L'aspartame
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Qu’est-ce que l’aspartame ?
L’aspartame est un additif (E 951) couramment utilisé dans les denrées alimentaires, à rôle d’édulcorant intense : il est en effet utilisé dans les produits light du fait de son pouvoir sucrant 200 fois plus important que celui du saccharose.
Qu’est ce qu’un additif ? |
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Un additif est une substance présente dans les aliments de façon volontaire, suite à son ajout dans des quantités règlementées et maîtrisées. Outre sa nécessaire innocuité, son ajout doit répondre à un besoin précis et le principe d’utilité de ces substances constitue l’une des conditions de leur autorisation. |
Quelle est la réglementation ?
Les additifs font l’objet d’une règlementation spécifique [1] au niveau européen. Ils ne peuvent être utilisés par l’industrie agroalimentaire qu’après l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché nationale ou européenne. Lorsque la substance est autorisée, elle est inscrite sur une liste positive et doit faire l’objet de conditions d’emploi précises : toute substance non inscrite sur cette liste est interdite.
Des conditions d’emploi précises : il peut s’agir de teneurs maximales établies par catégories de denrées alimentaires permettant le respect global de la dose journalière admissible pour le consommateur , de critètes de pureté, de mentions spécifiques d’étiquetage ou de traçabilité, etc.
Quel est le processus d’autorisation des additifs ? Une autorisation ne peut être délivrée par les pouvoirs publics qu’après évaluation des risques par une agence indépendante (Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) ou, en France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)). L’objet de cette expertise est d’évaluer l’innocuité du produit pour le consommateur.
L’aspartame est autorisé dans de nombreux produits
L’aspartame est autorisé depuis 1994 dans une grande variété de produits tels que les boissons, les desserts, les confiseries à valeur énergétique réduite ou sans sucres ajoutés, ainsi que comme édulcorant de table.
Il a été autorisé sur la base d’une évaluation de risque par le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine (CSAH, intégré ensuite dans l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments – AESA -) réalisée en 1985 établissant une Dose journalière admissible (DJA) de 40 mg/kg pc/j. Cette DJA est dérivée d’une dose sans effet de 4 g/kg pc/j correspondant à la dose la plus forte utilisée au cours d’une étude de cancérogénèse (incidence des tumeurs du cerveau) chez le rat.
Quelle est l’exposition du consommateur ?
L’exposition du consommateur est très inférieure à la DJA. A titre d’exemple, en prenant une hypothèse majorante [2], un homme de 60 kg consommant tous les jours 2 litres de soda « light » contenant de l’aspartame ne serait exposé qu’à hauteur de la moitié de la DJA : il devrait boire 4 litres de soda pour atteindre cette dose.
Quelles sont les connaissances scientifiques ? Comment est évalué le risque des additifs pour la santé ?
L’évaluation du risque des additifs repose sur l’analyse de toutes les données toxicologiques disponibles pour ces substances. A partir de ces données, et si nécessaire, une dose de sécurité en-dessous de laquelle le risque est considéré comme nul est déterminée. C’est la dose sans effet, qui est ensuite utilisée pour calculer la dose journalière admissible pour le consommateur (DJA).
Toute nouvelle étude sur la toxicologie des additifs fait systématiquement l’objet d’une analyse par l’agence d’évaluation des risques au niveau français ou européen. De même, les nouvelles connaissances et données scientifiques sont systématiquement prises en compte. Ainsi, selon la portée et la pertinence de ces nouvelles informations, l’évaluation d’un additif peut être revue.
Une réévaluation générale des additifs en cours : depuis 2010, l’AESA a mis en place une réévaluation complète de tous les additifs autorisés, en commençant par les plus anciens.
Qu’est-ce qu’une dose journalière admissible (DJA) ?
C’est la dose maximale d’une substance (exprimée en mg par kg de poids corporel et par jour) à laquelle on peut être exposé de façon répétée tout au long de la vie sans risque pour la santé. A partir d’études toxicologiques chez l’animal, on détermine une dose de sécurité en-dessous de laquelle aucun effet n’est observé et le risque est considéré comme nul pour la santé humaine. Cette valeur est divisée par 100 (coefficient de sécurité) pour obtenir la DJA. Le caractère protecteur de ce facteur de 100 a été vérifié par de nombreuses études toxicologiques comparatives.
Un additif controversé
Depuis 2005, plusieurs études remettent en cause l’innocuité de l’aspartame, notamment deux études datant de 2010 : l’une, conduite par la Fondation européenne Ramazzini, portait sur le potentiel carcinogène chez les souris exposées à l’aspartame par le biais de leur alimentation ; la deuxième, une étude épidémiologique réalisée par une équipe danoise (Halldorsson et al), se penchait sur l’association entre la consommation de boissons contenant des édulcorants et le risque accru d’accouchement prématuré.L’AESA, en collaboration avec l’Anses, a évalué ces études : considérant leurs biais méthodologiques (absence de certaines informations, approche statistique faible), l’agence a conclu que ces études n’étaient pas en mesure d’entrainer une révision de l’évaluation de l’aspartame. Tous les avis existants concluent à l’absence d’indication d’un potentiel génotoxique ou carcinogénique et à l’absence de nécessité de réviser la DJA.
Actualité : |
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Dans le cadre du programme général de réévaluation des additifs, l’AESA a publié en décembre 2013 son avis sur la réévaluation complète de l’aspartame [3]. Ce nouvel avis prend en compte l’ensemble des publications scientifiques existantes (anciennes et récentes). Les effets des différentes métabolites de l’aspartame ont également été étudiés. En conclusion de cette réévaluation, l’agence européenne a confirmé la DJA de 40 mg/kg pc/j.
De son côté, l’Anses a rendu public le 9 janvier 2015 un avis relatif à l’évaluation des bénéfices et risques nutritionnels des édulcorants intenses. Cette évaluation s’est portée principalement sur les effets de la consommation des édulcorants intenses sur le comportement et les préférences alimentaires (compensation énergétique, développement et habituation au goût sucré), sur le poids et la composition corporelle et sur le métabolisme glucidique (rôle des édulcorants intenses vis-à-vis des diabétiques). La population générale, mais également les populations particulières (femmes enceinte, sujets diabétiques ou à risque de diabète, etc.) ont été prises en considération dans cette évaluation. L’Anses conclut que les données disponibles sont insuffisantes pour statuer sur un effet bénéfique à long terme des édulcorants intenses en remplacement du sucre. Il en est de même concernant les risques liés à la consommation d’édulcorants intenses, même s’il n’est pas possible d’en écarter certains. Ainsi, elle recommande de lancer de nouveaux travaux de recherche sur le sujet, en s’intéressant tant aux enfants (sur le développement du goût, des préférences alimentaires, du contrôle de la prise alimentaire) qu’à la population générale (sur le contrôle du poids). |
[1] règlement (CE) N° 1333/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 sur les additifs alimentaires
[2]c’est à dire, en considérant que l’aspartame a été ajouté au soda à hauteur de la quantité maximale autorisée (ce qui n’est en pratique pas le cas : l’AESA considère généralement que la quantité moyenne d’aspartame ajoutée est de 3 à 6 fois plus basse que le niveau maximum autorisé)
[3] Depuis 2010, l’AESA a mis en place une réévaluation complète de tous les additifs autorisés, en commençant par les plus anciens.