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© Pascal Xicluna / Min.Agri.Fr

18 mai 2015 Actualité

Label rouge et méthanisation : tout est bon dans le cochon !

Grâce à son unité de méthanisation, le Gaec Lamoureux Frères a gagné en autonomie énergétique et en trésorerie : ses 150 truies produisent fumier et lisier qui sont transformés en énergie électrique, chaleur pour les animaux et engrais pour les champs.

Le fournisseur d’énergie renouvelable du coin ? 150 beaux cochons Label rouge ! Ici, à Noyal-sur-Vilaine, à quelques kilomètres de Rennes, l’élevage des trois frères Lamoureux alimente en électricité plus de 350 maisons grâce à l’installation, en 2012, d’une unité de méthanisation de 130 kWe. « Nous cherchions à diversifier notre activité agricole et à avoir une source de revenus complémentaires, mais notre proximité avec la ville nous impose de nombreuses contraintes. La méthanisation nous permet de valoriser le fumier et le lisier produit par nos porcs sous forme d’électricité et de chaleur. Elle fluidifie notre trésorerie grâce à la vente de cette bioénergie », explique l’un des associés, Daniel Lamoureux.

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Unité de méthanisation du Gaec Lamoureux.

La ferme tend vers l’autonomie maximum : les porcs s’alimentent grâce aux céréales produites sur les 130 hectares de l’exploitation – exception faite des protéines végétales achetées à l’extérieur –, le méthaniseur chauffe leurs habitations et les bâtiments d’élevage, et, à la sortie du méthaniseur, le résidu, « digestat » riche en azote et en phosphore, alimente les cultures, économisant des engrais. Le digesteur du GAEC brasse chaque année un mélange de 1 500 m3 de lisiers et 900 tonnes de fumiers auxquels s’ajoutent 700 tonnes de cultures intermédiaires, des graisses d’un abattoir voisin et des déchets d’une cantine proche. Le biogaz qu’il produit – composé principalement de deux gaz à effet de serre, le méthane et le dioxyde de carbone – est ensuite transformé par cogénération en électricité et en chaleur.

Des recherches plein gaz

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Unité de méthanisation du Gaec Lamoureux.

L’agriculteur consacre à son unité de méthanisation un mi-temps et a embauché un salarié. « Le méthaniseur a la délicatesse d’une vache : si l’on modifie sa ration d’un jour à l’autre, rien ne va plus ! » Cette « ration » fait l’objet de nombreuses et complexes recherches tant l’approvisionnement d’une unité de méthanisation peut être varié : qu’ils soient issus de la restauration, des stations d’épuration ou encore des cultures dédiées, presque tous les déchets « organiques » peuvent être méthanisés…

Fabrice Béline, chef de l’unité de recherche gestion environnementale et traitement biologique des déchets de l’Irstea détaille : « Nous cherchons à optimiser la vitesse de méthanisation de différents déchets afin d’obtenir un maximum de biogaz. Nous nous intéressons également au digestat qui sort du méthaniseur. Il est très nutritif mais instable et nous mesurons son devenir dans le sol et dans les plantespour le valoriser au maximum ».

Le défi de recherche sur la méthanisation est à la hauteur de ses enjeux : la production d’énergie verte à partir des déjections animales est, selon les experts, l’une des dix actions qui pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre en agriculture.

Des gaz à effet de serre dans les déjections

Les élevages français produisent 150 millions de tonnes de déjections par an qui, stockées sans traitement, seraient responsables de 13% des émissions agricoles en méthane, l’un des principaux gaz à effet de serre.
Capter ce méthane et le transformer en CO2 dans des moteurs de cogénération permet à la fois de produite de l’électricité, de la chaleur et de réduire fortement l’impact effet de serre.

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