
La restauration des terrains de montagne : une histoire centenaire
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Au-dessus du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, la forêt et le torrent de Boscodon sont entretenus par les équipes RTM (restauration des terrains en montagne) de l'ONF. L’enjeu : prévenir les risques de crues qui mettent en péril les activités humaines dans la vallée, autour du "cône de déjection", la zone où le torrent se jette dans le lac. Une mission multiple, entre ingénierie hydraulique, gestion forestière, conseil aux collectivités, suivi météorologique… Alim’agri a rencontré les équipes de la RTM sur place.
Au Boscodon, comme dans toutes les zones montagneuses, le changement climatique a tendance à augmenter les risques. « Nous observons une recrudescence des évènements torrentiels en montagne », expose Yann Quefféléan, responsable technique national RTM. « Ils sont favorisés par une hausse des précipitations extrêmes, et une période des orages plus longue dans l’année ». Avec, en cas de crue, des dégâts potentiellement importants sur les habitations et les activités économiques de la zone.

Des outils pour mieux comprendre les phénomènes de crue
Pour prévenir ces risques, le service RTM de l'ONF suit de près l’activité de ce torrent, et entretient les barrages, dont certains ont été construits dès le XIXe siècle. Pour cela, il dispose d’outils variés, qui permettent l’analyse et la compréhension des phénomènes : pluviomètres, caméras, capteurs de vibrations sismiques, ou encore radars pour mesurer la hauteur de l’écoulement. Souvent, les crues endommagent les ouvrages, ce qui nécessite d’importants travaux pour les remettre en état. Au niveau national, la centaine d'agents met en œuvre 12 millions d’euros de travaux chaque année.

Le maintien de la forêt est primordial
Pour éviter d’alimenter une éventuelle crue, le maintien de la forêt autour est primordial. C’est ce qu’explique François Ortar, responsable de secteur, en montrant un massif de feuillus en bordure de torrent : « Ces boisements, qui ont été plantés dans les années 1970, ont pour but de limiter l’érosion des sols, de maintenir les éléments sur place. On évite ainsi qu’ils soient lessivés par la pluie et qu’ils viennent grossir les crues torrentielles. »

Dans les Hautes-Alpes, les essences replantées depuis le XIXe siècle sont principalement des résineux. Le changement climatique impose une réflexion sur leur avenir. « Deux essences présentes dans la région, le mélèze et le pin noir, sont réputées compatibles avec les différents scénarios du GIEC, y compris les plus pessimistes », précise Marie-Pierre Michaud, cheffe du service RTM Hautes-Alpes. « En revanche, d’autres espèces, comme le pin sylvestre, ou le sapin, comme ici au Boscodon, montrent déjà des signes de dépérissement. »

« On est souvent remerciés par les élus, c’est gratifiant ! »
Maintenir des couverts végétaux, entretenir les ouvrages, tout cela permet de limiter les phénomènes naturels (crues, avalanches, mouvements de terrain) et leurs conséquences. L’échange avec les acteurs locaux est tout aussi important : les agents sont ainsi en contact avec les services de l'État (préfectures, DDT) et les collectivités concernées, pour leur apporter expertise, conseils, appui, face à ces risques. « On est souvent remerciés par les élus, c’est gratifiant ! », se réjouit Yann Quefféléan. « Cela peut être plus compliqué quand on donne des avis restrictifs, quand les aléas sont trop importants pour maintenir des habitations dans une zone, par exemple, complète Marie-Pierre Michaud. Ce sont des situations difficiles à assumer, mais on le fait pour l’intérêt général. »
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