La préparation de la COP21 à l’AG du CGAAER
Partager la page
L’assemblée générale du CGAAER réunie le 8 octobre dernier était consacrée à la préparation de la COP21. Un membre du CGAAER, Guillaume Benoit, a d’abord présenté le travail réalisé par le Conseil sur les contributions possibles de l'agriculture et de la forêt à la lutte contre le changement climatique. Puis un chercheur de l'INRA, François Sussana, responsable national de la préparation scientifique de la COP 21, a dressé un bilan des débats au sein de la communauté scientifique. Enfin, Olivier Fontan, adjoint de Laurence Tubiana, représentante spéciale pour la conférence Paris Climat 2015, a exposé la démarche diplomatique en cours…
La France va accueillir et présider la 21e conférence internationale des Nations Unies sur le climat, Conférence Paris Climat, du 30 novembre au 11 décembre 2015.
L’événement a déjà été précédé par de grandes manifestations scientifiques réunissant des chercheurs du monde entier : la conférence de Montpellier sur « l’agriculture climato-intelligente » en mars, la conférence de Pékin sur « l’agro-écologie dans le contexte du changement climatique » en juin et la conférence de l’UNESCO intitulée « Notre avenir sous le changement climatique » qui a rassemblé plus de 2200 scientifiques en juillet. Ces conférences ont permis de croiser des disciplines scientifiques bien distinctes, d’installer l’agriculture parmi les grands enjeux de la COP21 et de construire des connaissances partagées entre les pays du nord et du sud sur le climat. Il n’y aura pas de gouvernance mondiale sur climat s’il n’y a pas de vision commune fondée sur une même analyse scientifique du sujet.
En 2014 le GIEC a formalisé l'énoncé du problème. L’atmosphère terrestre connaît une accumulation sans précédent de gaz à effet de serre (GES) depuis plus d'un million d'années et avec un effet anthropique clairement établi; la déforestation et l'élevage y jouant un rôle notable. Les risques sont considérables. Ils portent sur la ressource en eau, la dégradation des sols, la sécurité alimentaire de la planète et des phénomènes migratoires incontrôlables.
Deux fronts sont ouverts pour répondre à ces inquiétudes : d’une part, atténuer le changement climatique en limitant à +2 C en 2100 l’augmentation moyenne des températures, d’autre part, adapter les modes de production et de consommation aux évolutions du climat.
Dans ce contexte, le « secteur des terres » qui réunit l'agriculture, la forêt et les sols, représente un potentiel d'atténuation des émissions mondiales de gaz carbonique de 20 % à 60 % d’ici 2030 grâce à sa capacité de stockage du carbone (les sols, la végétation…), à ses efforts pour réduire sa propre production de GES (l'agro-écologie) et à sa capacité à produire des substituts à des matières premières non renouvelables.
Notre ministre, Stéphane Le Foll, a annoncé la mise en place d’un programme de recherche international « 4 pour 1000 » dont l’objectif est de développer les connaissances agronomiques afin d’améliorer de 4 pour 1000 par an les stocks de matière organique des sols. Une telle augmentation permettrait au moins de compenser l’ensemble des émissions des GES liées à l’activité agricole. La matière organique des sols de la planète peut séquestrer deux à trois fois la quantité de carbone contenue dans l'atmosphère.
Ces orientations reposent sur des changements profonds des pratiques agricoles et sur la restauration des sols déjà dégradés. On estime entre un quart et la moitié la proportion des sols de la planète qui seraient plus ou moins affectés.
Elles auraient par ailleurs un impact sur les habitudes alimentaires et nécessiteraient une évolution de la gouvernance alimentaire mondiale.
Mais cette politique d'atténuation a un coût. Elle réclame la mobilisation de fonds spéciaux pour éviter une augmentation des prix agricoles que redoute une part des interlocuteurs de la COP21. Elle impose également d'engager des politiques publiques offensives pour déjouer les barrières psychologiques qui se dressent face aux incertitudes du long terme.
Sur un plan diplomatique, l'objectif de la COP21 est a minima de parvenir à un accord sur la méthode en maintenant un consensus permanent entre les participants à la conférence.
S'il est admis que l'objectif des +2°C d'ici 2100 reste une perspective, l'«Alliance de Paris» doit aboutir à un texte juridique permettant à chaque État de s'engager sur des contributions à la lutte contre le changement climatique sans retour en arrière possible et de rendre compte tous les cinq ans des réalisations effectuées lors de réunions mondiales.
L’accord de Paris repose sur un principe de « bottom-up » et de volontariat. Chaque secteur doit prendre sa part dans l'action. Et il est encourageant de compter, parmi les acteurs réunis à la COP21, non seulement des États, mais aussi des puissances économiques et spirituelles, des grandes villes du monde…
Bertrand Hervieu
Vice-président du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.