La fusion des régions : un vrai challenge
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Pour bien comprendre les enjeux de la réforme territoriale, nous avons rencontré Vincent Favrichon, directeur de la Direction Régionale de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) Bourgogne-Franche-Comté, région d'expérimentation au plan national. Après un an de réorganisation et de fonctionnement en bi-site, le constat est clair : les bases sont bien posées, reste à les consolider. Interview.
Quelles ont été les grandes étapes de cette fusion ?
Cette fusion s'est déroulée en quatre temps. Nous avons tout d'abord expérimenté plusieurs scénarii, de novembre 2014 à avril 2015, afin d'éclairer les choix du gouvernement dans le cadre de la réforme. Cette démarche s'est traduite par un rapport du Préfet de Région rendu en mars 2015. Entre mai et décembre 2015 est venue la période de préfiguration sur la base des choix nationaux (le principe du multi-site, de la non mobilité, du maintien des compétences, etc.), avec des discussions nourries et des choix locaux parfois difficiles. De janvier à septembre 2016, nous avons défini l'organigramme détaillé, mis en place une bourse aux postes et effectué le positionnement de chacun sur son nouveau poste. Depuis, avec cette nouvelle vie en bi-site, je dirais que nous sommes en train de "sortir du tunnel".
Comment l'avez-vous vécue ?
Comme un véritable challenge ! J'avais déjà connu plusieurs réformes auparavant (celle des Directions départementales des territoires, entre autres), mais c'est la première fois qu'une fusion touche des structures qui portent les mêmes missions, la même organisation. Ce fut une période très chargée pour tous les agents, en particulier pour l'encadrement. Toutes les équipes ont été fortement mobilisées, et la concertation a révélé de réels enjeux en termes de positionnement. Nous avons essayé de nouveau outils pour s'approprier cette DRAAF, commencé à modifier les méthodes de management, anticiper les risques, et notamment les risques psychosociaux. Un plan de prévention a été élaboré en ce sens pour identifier et analyser les situations problématiques, et proposer des solutions afin que chacun trouve sa place dans cette nouvelle organisation, et vive cette mutation le mieux possible.
Concrètement, comment s'est opérée cette réorganisation ?
La difficulté principale était de conserver les métiers. Sur les quasi 200 agents que compte la DRAAF, nous avons eu deux mobilités géographiques seulement, et environ 40 mobilités fonctionnelles. Pour les agents, la fusion marque une vraie rupture, et induit une perte de repères importante. En créant à terme des pôles fonctionnels, donc spécialisés et géographiquement localisés sur un site, nous devons inventer de nouvelles modalités de fonctionnement. Aujourd'hui, presque un agent sur quatre se trouve encore à distance de son supérieur direct. La chaîne de management de chaque service était donc à préciser. D'où l'importance de formaliser ce fonctionnement et de conduire les entretiens annuels début 2017, pour vérifier que les fiches de poste sont bien calées sur la réalité opérationnelle.
Quel est le sens de la charte de management ?
Nous l'avons co-construite entre mai et décembre 2016 avec la contribution active de plusieurs groupes (comités de direction, groupe d'agents et groupe de cadres). Elle est en cours de finalisation, nous réfléchissons même à un acronyme pour l'identifier de manière moins administrative et souligner le fait que c'est une charte du "bien travailler ensemble" plus qu'une charte de management. Elle concerne tout le monde. Elle traduit six valeurs ou principes : notre communauté de travail a besoin de confiance, de respect mutuel, de sens dans l'action, d'esprit d'équipe et de reconnaissance ; elle doit aussi adapter son fonctionnement au bi-site. C'est une sorte de boussole, ou de fil d'Ariane, pour établir des relations professionnelles agréables et constructives. Il ne s'agit pas d'afficher un idéal de management mais de défendre des postures, des comportements qui nous responsabilisent, dans les actions à mener pour faciliter la discussion, le partage, l'expérimentation. C'est un outil que chaque service devra faire vivre et s'approprier, et sur lequel nous devrons communiquer. Première illustration le 17 janvier dernier lors de l'assemblée générale de la DRAAF, couplée à la cérémonie des vœux, avec des saynètes interprétées par une vingtaine d'agents, dont certains s'étaient aussi prêtés au jeu de l'écriture théâtrale. Pari réussi. La performance a été très appréciée et très applaudie par la centaine d'agents présents. Comme quoi, on peut faire passer des messages forts et impliquants, tout en s'amusant.
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