La filière viande de lapin de chair
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Le CGAAER a été chargé d’une mission d’appui à la filière lapin de chair.
Rapport de mission de conseil n° 21124
Novembre 2022
Enjeux :
Depuis de nombreuses années, la filière lapin de chair rencontre des difficultés du fait notamment d’une consommation nationale en déclin (baisse de 5 % par an en moyenne) et d’une érosion de la production. La viande de lapin est perçue comme chère et moins adaptée que d’autres viandes à des préparations culinaires simples et rapides à cuisiner, comme le recherche aujourd’hui la majorité des consommateurs, surtout les plus jeunes.
Il est donc apparu nécessaire de réaliser un diagnostic de l’ensemble de la filière, d’évaluer l’avancement du plan de filière 2018-2022 mis en place par l’interprofession et d’identifier des actions à conduire pour un développement durable de la filière tenant compte des perspectives de consommation et des attentes sociétales. Telle est la mission confiée au CGAAER.
Méthodologie :
Après une étude bibliographique et réglementaire, la mission a rencontré les différents acteurs intervenant dans cette filière, y compris deux ONG de protection animale.
Elle a ensuite réalisé un point sur les réglementations en matière de bien-être animal, puis un état des lieux des différents projets alternatifs consacrés au logement des lapins.
Enfin, elle a examiné les difficultés rencontrées en matière de santé des animaux, de consommation et d'économie générale de la filière.
Résumé :
La production française s’effectue à plus de 90 % en élevages professionnels. Très structurée et technique, elle est organisée au sein d’une interprofession qui s’est dotée d’un plan de filière 2018-2022.
Le lapin est un animal particulièrement prolifique mais très sensible à de nombreuses maladies à forte mortalité, dont la VHD (Viral Hemorragic Disease). Le recours à la vaccination et à la biosécurité a permis de surmonter les dernières épizooties.
Comme d’autres productions animales hors sol, la cuniculture devrait être confrontée à une interdiction de l’élevage en cages. Des solutions de logements alternatifs sont déjà à l’essai pour la conduite de l’engraissement des lapereaux. En revanche la recherche de solutions pour les reproducteurs doit être poursuivie. La mission recommande de transformer, dans un premier temps, les logements des lapins à l’engraissement en parcs collectifs, plus favorables au bien-être des animaux, en vue d’atteindre au moins 30 % de la production. Les autres éleveurs pourront suivre dans un deuxième temps.
Une fois ce seuil atteint, une communication plus large pourrait être mise en œuvre pour cette viande blanche de bonne qualité nutritionnelle, en s’appuyant sur toutes les structures impliquées comme l’Interprofession volailles, la distribution, les collectivités territoriales et l’État.
Les transformations des logements nécessiteront un amortissement long et ce coût devrait être « partagé » entre les acteurs de la filière, sans oublier de possibles financements européens. La loi EGALIM donne le cadre de l’indispensable contractualisation.
Pour séduire les consommateurs et les professionnels de la restauration et maintenir la demande à un niveau satisfaisant, la profession devrait s’orienter vers des produits plus faciles à préparer, accompagnés de recettes simples et rapides.
De nouveaux consommateurs soucieux d’une alimentation saine et diversifiée, pourraient ainsi porter leur choix sur les viandes de lapin qui resteraient dans des fourchettes de prix acceptables.
L’élevage de lapins de chair présente de nombreux atouts comme des cycles de production courts, des animaux faciles à manipuler, des dimensions standards, de la technicité, un faible impact environnemental, la non-concurrence avec l’alimentation humaine...
Le renouvellement de cette génération d'éleveurs dépendrait de la capacité à attirer des successeurs qu’il faudrait orienter, aider et former à la conduite de ces nouveaux ateliers d’élevage.