La dépendance des industries agroalimentaires à l’égard des biens et services étrangers et les priorités pour s’en affranchir
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Le CGAAER a été chargé d’identifier et de qualifier les dépendances de l’industrie agroalimentaire à l’égard de biens et de services étrangers afin, le cas échéant, de pouvoir y remédier.
Rapport de mission de conseil n° 22046
Février 2023
Enjeux
Les crises récentes de la Covid et de la guerre en Ukraine sont venues rappeler avec force l’interdépendance des économies mondiales et, d’une façon particulière, combien les chaînes d’approvisionnement alimentaire nationales sont désormais dépendantes de biens, main d’œuvre et services venant de l’étranger.
Si la France, grande puissance agroalimentaire, a su faire face aux conséquences de ces crises, des tensions sont apparues révélant ainsi un certain nombre de dépendances.
Le CGAAER a été chargé d’identifier et de qualifier ces dépendances afin, le cas échéant, de pouvoir y remédier.
Méthodologie
La mission a mené de nombreux entretiens auprès de différents acteurs de l’agroalimentaire et a pu constater une prise de conscience réelle des fragilités et des risques révélés par ces crises.
Résumé
Si l’autosuffisance alimentaire de la France comme de l’Union européenne n’apparaît pas menacée, des fragilités ont été mises en exergue.
La puissance agroalimentaire française souffre de fragilités intrinsèques, notamment son manque de compétitivité et d’innovation. Elle est en outre exposée à des vulnérabilités externes : une dépendance aux intrants, tant pour l’amont agricole que pour l’aval industriel, une dépendance énergétique particulièrement préoccupante et une dépendance résultant des caractéristiques démographiques, climatiques et géographiques françaises.
Pour déterminer les dépendances critiques à l’égard des biens et services venant de l’étranger nécessitant une réponse adaptée, la mission propose d’utiliser une grille de détection combinant deux critères principaux : celui de la concentration des importations et celui de la centralité du produit ou du service, c’est-à-dire son caractère essentiel. Ce travail d’analyse doit se faire in concreto, filière par filière, sur chaque maillon et chaque produit de la chaîne de création de valeur.
Cette méthode appliquée par la mission à deux filières en particulier, une filière animale et une filière végétale, confirme le recul de leurs parts de marché en France et à l’exportation. Par exemple pour le poulet de chair l’auto-approvisionnement est descendu à 76 % en 2022.
La mission a ainsi pu établir une liste de dépendances critiques. Plusieurs voies existent pour les réduire : anticiper les risques de dépendance et diversifier en conséquence les approvisionnements, organiser le stockage de certains produits ou favoriser la relocalisation de production notamment par l’innovation. Toutefois, la première priorité est d’enrayer le recul des productions par la poursuite du rééquilibrage des rapports commerciaux permettant d’une part, une juste rémunération du travail agricole et agroalimentaire et, d’autre part, la modernisation de l’appareil productif.
Un travail d’analyse, filière par filière, doit être désormais conduit permettant d’identifier les principaux points de dépendance critique nécessitant d’anticiper et d’organiser une réponse pour s’en affranchir.
Cependant, les crises actuelles n’ont pas créé ces dépendances, elles les ont révélées. Aussi, l’urgence est d’agir aujourd’hui pour éviter que ne se constituent de nouvelles dépendances et des fragilités.