Indicateurs des ventes de produits phytosanitaires : le Gouvernement rend public les données relatives au NODU 2019
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Qu’est-ce que le NODU (NOmbre de Doses Unité) ?
Afin d’apprécier les avancées du plan Écophyto et les évolutions des usages des produits phytosanitaires, un indicateur de suivi du recours aux produits phytopharmaceutiques a été défini avec l’ensemble des parties prenantes, c’est le NODU : « NOmbre de Doses Unités ». Calculé à partir des données de vente des distributeurs de produits phytopharmaceutiques (issues de la Banque Nationale des Ventes des Distributeurs de produits phytopharmaceutiques (BNV-d), le NODU correspond à la surface qui serait traitée annuellement aux doses maximales homologuées. Rapporté à la surface agricole utile française, il correspond au nombre de traitements appliqués à pleine dose sur une surface d’un hectare. Il s’affranchit des substitutions de substances actives par de nouvelles substances efficaces à plus faible dose puisque, pour chaque substance, la quantité appliquée est rapportée à une dose unité (DU) qui lui est propre.
Les quantités de substances actives contenues dans les produits phytosanitaires vendus font également l’objet d’une publication annuelle.
NODU : une baisse marquée en 2019
Le NODU inclut tous les produits phytosanitaires, à l’exception des produits de biocontrôle. Après une hausse de 23% entre 2017 et 2018, le NODU 2019 s’établit à 78,8 Mha, en baisse de 37% par rapport à 2018 et de 12% depuis 2009.
La forte hausse du NODU 2018 est due à une combinaison de facteurs parmi lesquels nous retrouvons :
- des conditions climatiques 2018 favorables aux maladies fongiques au printemps et aux insectes durant l’été ;
- une hausse de la redevance portant sur les produits phytosanitaires au 1er janvier 2019 qui a sans doute conduit à des achats anticipés fin 2018 (effet stock).
Aussi, la baisse du NODU 2019 peut s’expliquer par la consommation des stocks accumulés en 2018 ainsi que des conditions culturales généralement bonnes en 2019 qui ont limité le développement des maladies et des populations de ravageurs.
Source : ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, SSP
L’utilisation de produits phytosanitaires étant très dépendante, notamment, des conditions culturales subies dans l’année, la moyenne triennale du NODU permet de lisser les effets conjoncturels. Le NODU triennal 2017-2019 s’établit à 101,9 Mha en baisse de 9% par rapport à la moyenne triennale 2016-2018. Il s’agit de la plus faible moyenne triennale depuis la période 2011 – 2013 (95,9 Mha).
Deux sous-indicateurs du NODU sont classiquement distingués : le NODU « usages agricoles » (99,8 % du NODU 2019) et le NODU « zones non-agricoles » (0,2 % du NODU 2019).
NODU « usages agricoles »
Le NODU « usages agricoles » inclut tous les produits faisant l’objet d’usages agricoles, à l’exception des produits de biocontrôle. Le NODU 2019 s’établit à 78,6 millions d’hectare (Mha). Après une hausse de 24% du NODU en 2018, il s’inscrit en baisse de 37% en 2019.
Rapporté à la SAU totale hors prairies permanentes, le NODU 2019 correspond à 4,1 traitements à pleine dose par hectare (contre 6,5 en 2018).
La baisse de la moyenne triennale en 2019 est de 9% après une hausse de 7% en 2018. Il s’agit, depuis 2017, de la plus forte baisse de la moyenne triennale du NODU.
NODU « zones non-agricoles »
Le NODU pour les zones non-agricoles comprend les usages de produits phytosanitaires sur les jardins, espaces verts et infrastructures (JEVI), qu’ils s’agissent d’usages professionnels ou amateurs. À l’instar du NODU « usages agricoles », le NODU « zones non agricoles » n’intègre pas les produits de biocontrôle.
La loi n° 2014-110 dite « Labbé » interdit depuis le 1er janvier 2019 la vente de produits phytopharmaceutiques aux particuliers, à l’exception des produits de biocontrôle (non pris en compte dans le calcul du NODU) et des produits autorisés en AB. Le NODU 2019 « zones non-agricoles » (jardins, espaces verts et infrastructures (JEVI)), comprenant à la fois les usages professionnels et les usages amateurs, s’établit à 176 4000 ha, en très forte baisse de 67% par rapport à 2018. Suite aux restrictions d’utilisation pour les particuliers, la part des usages amateurs du NODU 2019 « zones non-agricoles » est en baisse : elle passe de 73% (390 000 ha) en 2018 à 40% (71 300 ha) en 2019.
Focus sur les substances CMR dans le NODU
La réglementation classe les substances en fonction de leur toxicité pour la santé et de leur dangerosité pour l’environnement. Elle distingue en particulier des substances préoccupantes voire très préoccupantes pour la santé : les substances « cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction » (CMR). Ces substances sont divisées en deux catégories : les CMR1 (caractère avéré ou présumé) et les CMR2 (caractère suspecté).
Le NODU 2019 « usages agricoles » lié à des CMR représente plus de 99 % du NODU 2019 total lié à des CMR et se décompose comme ci-après :
- CMR 1 : 2,8 Mha (soit 4% du NODU 2019 « usages agricoles ») en baisse de 67% par rapport à 2018 ;
- CMR 2 : 13,6 Mha (soit 17% du NODU 2019 « usages agricoles ») en baisse de 46% par rapport à 2018.
Les NODU « usages agricoles » associés à des CMR diminuent depuis 2009 (- 73 % pour les CMR 1 et – 28 % pour les CMR 2 entre 2009 et 2019) ainsi que la part qui leur est associée dans le NODU « usages agricoles » (- 8 points pour les CMR 1 et – 4 points pour les CMR 2).
Les baisses constatées s'expliquent en partie par l'effort européen d'interdire la vente et l'utilisation des substances actives considérées comme les plus préoccupantes.
Focus sur le glyphosate
Les « usages agricoles » représentent 99% du NODU 2019 total lié au glyphosate. À l’instar du NODU 2019 « usages agricoles », le NODU 2019 du glyphosate « usages agricoles » s’inscrit en forte baisse, - 34%, par rapport à 2018 et s’établit à 2,4 Mha. En revanche, sa part dans le NODU « usages agricoles » reste stable à 3%. En effet, les travaux, engagés à partir de 2020, sur la révision des Autorisations de Mises en Marché (AMM) des produits phytosanitaires contenant du glyphosate auront des effets à partir de 2021 avec un plein effet en 2022.