Guénael, l'étudiant en BTS agricole parti pour un tour d'Europe Végétal
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Ce fut un été singulier et studieux pour Guénael, étudiant de l’enseignement agricole et aventurier dans l’âme. Pendant 40 jours, cet enfant des Pyrénées, a visité 8 grandes capitales européennes afin d'y étudier la place du végétal et les actions en sa faveur. Tout au long de l'été nous avons suivi son aventure…
Ce futur diplômé d'un BTS agricole en Gestion et Protection de la Nature (GPN) est déjà un « globe trotteur » aguerri. Guénael, 20 ans, a notamment remporté en 2016 le Prix MoveAgri qui vient récompenser les expériences internationales des jeunes de l'enseignement agricole. Il a été distingué pour son blog, témoignage captivant de ses 2 mois de stage passés en Inde, durant lesquels il a travaillé sur les processus de reforestation et la conservation de l'eau, dans la communauté de « Sadhana Forest ».
Cette expérience originale est un exemple, parmi tant d'autres, des actions de l'enseignement agricole, pour ouvrir sur le monde de futurs professionnels et citoyens mieux à même de comprendre les enjeux internationaux. Chaque année, à l'instar de Guénael, ce sont plus 18 000 élèves et étudiants de l'enseignement agricole qui partent en mobilité à l'étranger.
Une immersion de 40 jours dans 8 pays
Fort de son expérience en Inde et convaincu de la richesse que constituent ces mobilités à l'étranger, Guénael a très vite ressenti le besoin de s'investir dans une nouvelle aventure.
Pour lui « La bourse Zellidja a été l’élément déclencheur ». 900€ qui lui permettent de partir 40 jours dans 8 capitales européennes : Paris, Londres, Bruxelles, Amsterdam, Berlin, Copenhague, Stockholm et Oslo.
Voyager seul pour Guénael c'est : « le meilleur moyen de s'intégrer et d'appréhender le plus justement possible les conditions de vie du pays visité ». Dans cet esprit d'immersion et de proximité, mais aussi d'économie, il privilégie le « Couchsurfing » qui lui permet d'habiter gratuitement chez des locaux mettant à disposition leur canapé...
Une étude ambitieuse
Guénael a toujours été intéressé par le rapport ambivalent qu'entretiennent les villes avec la nature. A un moment où la transition écologique est d'actualité dans le débat public, cet étudiant en BTS GPN a souhaité connaître les différentes actions entreprises, afin de promouvoir le végétal en milieu urbain.
Il compte donc recenser les différentes initiatives publiques et privées prises à cet effet, comme par exemple les toits et murs végétalisés, les jardins partagés et autres aménagements qui contribuent à modifier la manière de penser nos villes.
Semaine 1 : De Paris à Londres
Ce n'est pas la pluie récurrente cette semaine qui va ralentir notre étudiant en BTS agricole, bien déterminé à en découvrir le plus possible sur le végétal parisien et londonien.
« Paris est certainement la ville la moins végétalisée que je vais visiter durant mon Tour d'Europe » explique Guénael. En effet, la capitale se caractérise par une densité de population des plus élevées au monde. La ville est ancienne au centre d'une agglomération de plus de 9 millions d'habitants ; aussi les terrains disponibles pour réaliser des jardins sont rares.
Paris dispose d'environ 3 000 ha d’espaces plantés, c'est à dire 14,5 m² ou 5,8 m² par habitant, selon que sont comptés ou non les deux bois de Boulogne et de Vincennes. C'est beaucoup moins que les 45 m² de végétal disponibles par Londonnien.
Cependant Paris et ses habitants ont bien conscience de la nécessité de verdir la ville. Yann Françoise, responsable de la division climat-énergies à la Mairie de Paris fait d'ailleurs remarquer à Guénael que de nombreuses initiatives y concourent. C'est ainsi que les projets de jardins partagés et de murs végétaux ont été largement plébiscités par les Parisiens lors du budget participatif.
D'autres démarches éco-citoyennes sont également encourageantes, comme les potagers urbains et les toits végétalisés qui se multiplient dans Paris. Pour comprendre précisément le potentiel de «l'agriculture urbaine », Guénael s'est entretenu avec l'une des spécialistes en la matière, Christine Aubry ingénieure de recherche à l'INRA et initiatrice du potager urbain de 600 m², situé sur le toit d'AgroParisTech dans le 5e arrondissement.
Même si les fermes citadines ne nourriront sans doute jamais les populations urbaines, il n'en demeure pas moins qu'elles offrent aux habitants des avantages économiques, récréatifs et écologiques indéniables.
4 jours à Londres…
…durant lesquels, Guénael a flâné de parcs en jardins pour découvrir les spécificités végétales de la capitale Anglaise. La ville dispose de nombreux espaces verts offrant une « véritable bouffée d’oxygène » aux citadins. Sur le plan esthétique, les parcs londoniens prennent le contre-pied du formel « jardin à la française ». Le végétal semble beaucoup plus libre et, de l'avis de Guénael, plus facile à s'approprier par la population.
Cette étape a aussi été l’occasion de faire le tour des nombreux murs végétaux installés par la société de transport de Londres, depuis quelques années. Outre leur aspect esthétique, ces murs permettent de résorber les îlots de chaleur ainsi que d’absorber une partie de la pollution et d’améliorer la qualité de l’air. Le tout en faveur de la biodiversité.
Semaine 2 : De Bruxelles à Amsterdam
En arpentant les différents quartiers de Bruxelles, Guénael ressent une « atmosphère plutôt décontractée » qui serait, selon lui, l'un des effets d'une biodiversité bien présente. En effet, avec 28 m² de nature disponibles par habitant, de larges avenues arborées, de nombreux parcs, forêts et potagers urbains, Bruxelles est l'une des capitales les plus vertes d’Europe.
Des citoyens acteurs du changement!
C'est une expérience collaborative qui a retenu l'attention de notre étudiant, baptisée « Leefstraat » (Rue à vivre), dans laquelle des riverains repensent l'aménagement urbain. Le quartier, débarrassé de ses voitures, peut ainsi libérer de l'espace pour la végétation et de nouveaux lieux de vie en communauté. Encore expérimental, ce genre d'initiative a pour ambition de faire renaître le lien social dans des quartiers déshérités .
Fin de semaine au pays des tulipes : Amsterdam
«La singularité de cette ville réside dans ce lien très particulier qui lie les citoyens à la nature : l'écologie est ici l'affaire de tous. […] Il n'est pas rare, en effet, que cela soit les riverains eux mêmes qui "verdissent" leurs rues en les agrémentant de nombreux pots de fleurs », souligne Guénael.
Sous ses allures pittoresques, la capitale hollandaise tient le haut du pavé en matière environnementale.
Symbole de cette « green attitude » : d'anciennes friches industrielles sont remplacées par des écoquartiers. C'est le cas du « GWL Terrein », quartier de 600 logements écologiques équipés de collecteurs de déchets souterrains, jardins partagés avec système de compostage, chauffage solaire et toiture végétalisée pour une isolation optimale. « Un modèle ! » conclut notre étudiant…
Semaine 3 : De Berlin à Copenhague
Pour Guénael, le végétal à Berlin est à l'image des Berlinois : libre et spontané !
Avec 6 400 hectares d'espaces verts, recouvrant à peu près 40 % de la métropole, Berlin se hisse dans le peloton de tête des villes les plus vertes d’Europe. Mais la singularité de cette étape berlinoise, se remarque davantage dans la manière d'appréhender cette nature urbaine, précise l’étudiant.
A l'instar des grands parcs, comme le Tiergarten dans le centre historique, couverts pour l'essentiel d'une futaie irrégulière et de taillis impénétrables, la nature, bien souvent, s'invite en ville de façon sauvage.
Il n'est pas rare de voir la végétation s'approprier d'anciennes friches industrielles, ou encore des herbes folles envahir les trottoirs du centre ville. Cette nature indomptée est accueillie par les services techniques de la ville comme un principe d'aménagement paysager à part entière. Ils ont ainsi mis fin aux traitements phytosanitaires. Ils ont également espacé les tontes, réduit l'arrosage et sélectionné quasi-exclusivement des plantes vivaces, résistantes à toute épreuve.
D'une certaine manière, pour Guénael « cette spontanéité végétale et cette flore sauvage donnent à la ville une allure très champêtre, quasi unique en Europe! »
Copenhague, ou comment résister aux charmes naturels de cette petite sirène ?
Sacrée « Capitale verte d'Europe » par la Commission européenne, Copenhague est, sans conteste, l'une des villes les plus écologiques au monde.
Désireuse d'être neutre en carbone d'ici à 2025, la ville ne cesse de multiplier les efforts en ce sens : « la végétalisation des bâtiments constitue une priorité pour la municipalité », constate notre étudiant qui a pu visité certaines infrastructures, durant son séjour.
La capitale danoise est la 2e ville du monde à imposer la végétalisation sur les constructions neuves (la première étant Toronto, au Canada)
« Le résultat est très encourageant, puisqu'en arpentant les rues, on se rend compte que les architectes danois ont pleinement intégré la contrainte végétale dans la conception des bâtiments », se félicite Guénael.
En plus de l'aspect esthétique, la végétalisation des constructions permet notamment d'absorber le carbone, de réduire la consommation d'énergie du bâti, de diminuer les nuisances sonores, d’atténuer le ruissellement des eaux de pluie ou de réguler les îlots de chaleur, le tout en faveur d'une plus grande biodiversité.
Semaine 4 : de Stockholm à Oslo
En parcourant Stockholm, Guénael est d'abord marqué par la liaison harmonieuse entre la ville et la nature. Recouverte aux 2/3 par des plans d'eau et des espaces verts, la capitale suédoise est une cité aérée, dans laquelle il fait bon vivre.
Cette première impression serait pour Guénael le fruit de la rénovation urbaine que connaît Stockholm, depuis une vingtaine d'années. Avec l'émergence de plusieurs écoquartiers, cette capitale est devenue la vitrine mondiale du savoir-faire scandinave en matière de planification urbaine durable.
« Las de considérer le végétal comme secondaire ou décoratif, les Suédois en ont fait un élément constitutif du "vivre ensemble" et de la qualité de vie en ville », analyse Guénael en visite dans l'écoquartier Hammarby Sjostad, au sud de Stockholm.
Un écoquartier qui préfigure les villes vertes de demain !
Sorti de terre en 2008, cet écoquartier fait désormais la fierté de la municipalité. Alliant proximité avec le centre-ville et rapport privilégié avec la nature, il appréhende parfaitement les nouveaux modes de vie urbains et les préoccupations écologiques. Tous les bâtiments sont labellisés « haute qualité environnementale » et sont autonomes en énergies. Des jardins partagés agrémentent ce quartier de 25 000 habitants. Les déchets verts sont compostés et les autres déchets sont collectés par des canalisations souterraines qui les aspirent avec de puissants courants d'air. Les voitures sont interdites et les habitants utilisent les transports en commun et le vélo.
« J'aime la place prépondérante que prend le végétal dans l'aménagement et la vie du quartier. Tout le monde semble s'impliquer pour prendre soin des espaces verts. C'est un formidable vecteur de lien social » apprécie Guénael qui se verrait bien emménager par ici…
Oslo capitale super écolo !
Le 2 juin 2017, la capitale norvégienne a reçu le prix de la capitale verte d'Europe, décernée par la commission Européenne pour ses efforts en matière de développement durable, d'éco-innovation et de réduction d’émissions de CO2.
« J'ai adoré échanger avec les Norvégiens, car ils regorgent d’idées pour préserver la planète », explique notre étudiant.
Oslo est une petite capitale de 660 000 habitants, entourée de forêts, de collines et de lacs qui sont autant d’occasions de s’adonner à la randonnée, au vélo, au ski ou au bateau. « Ce lien étroit avec la nature explique, sans doute, la grande mobilisation des habitants pour préserver la biodiversité ».
La première "autoroute des abeilles" au monde est à Oslo !
Récemment inaugurée, cette autoroute est en réalité un couloir végétal, offrant aux insectes pollinisateurs la possibilité de voyager à travers la ville, sans ressentir le stress ou la faim.
Convaincu du bien-fondé de leur action, riverains et écoliers contribuent à réaménager les espaces verts en stations alimentaires, pour qu'abeilles et bourdons puissent butiner dans les fleurs mellifères (porteuses de nectar ou de pollen). Cimetière fleuri par-ci, quelques marguerites sur un balcon par-là et toits végétalisés agrémentés d'hôtels à insectes en haut d'immeubles de bureaux font parties des heureuses initiatives…
C'est donc par cet Oslo super écolo que notre étudiant achève son voyage.
Galerie d'images
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02 juin 2017Enseignement & recherche