Gestion durable des forêts : le programme LIDAR permet une connaissance fine des peuplements forestiers
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Véritable saut technologique, la couverture LIDAR va permettre d’ici 2025 de cartographier les 182 000 km2 de l’ensemble des peuplements forestiers en métropole et Outre-mer (hors Guyane). Cette cartographie « haute définition », coordonnée par l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), fait partie du volet « reboiser les forêts françaises » du plan de relance.
La filière forêt-bois joue un rôle majeur pour atténuer les effets du changement climatique. Pour autant, ce rôle repose sur la capacité des forêts à s’adapter à ce changement climatique. Or, les sécheresses de 2003, 2018 et 2019, ainsi que les crises sanitaires et les attaques de scolytes des forêts d’épicéa de l’Est de la France ont été des alertes fortes sur la résilience des forêts.
Améliorer la connaissance de la forêt française Instrument LIDAR installé dans un Beechcraft 200 - © IGN - Instrument LIDAR installé dans un Beechcraft 200 - © IGN
D’où l’intérêt de la technologie LIDAR – un scanner embarqué dans un avion qui émet un signal infrarouge à une grande fréquence (500 Mhz) et reçoit les échos réfléchis par le sol ou d’autres objets (bâtiments, arbres, pylônes, végétations basses) – qui permettra aux forestiers d’avoir une connaissance fine de la ressource forestière, de sa composition et de sa structure. Elle fournira un état zéro des forêts à l’instant T : le suivi et le contrôle des défrichements, les coupes rases, le suivi des zones de maladies et de dépérissement, la reconstitution des peuplements, ou encore la prévention du risque « feux de forêts ».
Relever ce que l’on ne voit pas à l’œil nu
Accompagnée d’un travail de terrain indispensable pour reconnaître les espèces, cette technologie permet d’obtenir, rapidement et sur de grandes surfaces, une évaluation de la biomasse forestière. « Le LIDAR permet de mesurer la hauteur des arbres et d’en déduire le volume de bois des peuplements ; plus un arbre est haut, plus son volume est important », explique Alain Gervaise, chargé de relations partenariales et institutionnelles sur la thématique forêt à l’IGN. « Le LIDAR permet de voir ce que l’on ne voit pas à l’œil nu, en particulier la structure de la forêt, et offre un gain de temps aux forestiers qui font les relevés sur le terrain », détaille Alain Gervaise.
Une cartographie utile pour de nombreuses politiques publiques
Il va falloir 5 000 heures de vol aux avions de l’IGN et ceux d’avionneurs privés pour cartographier l’ensemble de la France en haute définition. « Outre à ceux des forêts, les données topographiques vont répondre à d’autres besoins. Elles vont apporter des connaissances du terrain essentielles pour la construction des ouvrages d’art (routes, voies ferrées, dessertes forestières), mais aussi pour prévenir des risques naturels, par exemple les inondations ou les avalanches en montagne. Ces données seront aussi utiles pour l’archéologie, pour détecter d’éventuelles ruines ou d’anciennes fondations dissimulées sous une végétation dense », conclut Alain Gervaise.
L’IGN est coordinateur du projet financé par le Fonds pour la transformation de l'action publique (21,5 millions d’euros), le plan de relance du ministère de l’Agriculture et l’Alimentation (22 millions d’euros), la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) du ministère de la Transition écologique (4 millions d’euros) ainsi que l’IGN et diverses collectivités territoriales (8 millions d’euros).
Comment fonctionne la technologie LIDAR ?
À la différence du sonar qui utilise des ondes acoustiques, le LIDAR pour « LIght Detection And Ranging », émet des impulsions infrarouges depuis un avion. Cette technologie est utilisée pour réaliser des relevés topographiques en 3D, c’est-à-dire déterminer le relief afin de produire un Modèle Numérique de Terrain (MNT) très précis même sous couvert forestier, ainsi que d’autres données dérivées, comme les fameuses courbes de niveau des cartes au 1:25 000.
Enfin, en véritable « scanner » de la Terre, cet outil peut aussi détecter divers objets du sursol, comme des bâtiments, ou bien des arbres, leurs branches et même leurs feuilles, en fonction de la réflexion du signal LIDAR sur le premier obstacle rencontré !
Schéma explicatif
Source : IGN
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