François Laurens: "Nos recherches sont un plus sur un système qui fonctionne déjà"
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François Laurens est chercheur à l’INRA d’Angers. Sa mission : créer de nouvelles variétés de pommes qui soient à la fois au goût du consommateur, cultivables par l’arboriculteur et peu gourmandes en produits phytopharmaceutiques.
Le papa d’Ariane, c’est un peu lui. Lui et son équipe de chercheurs à lINRA d’Angers, d’hier et d’aujourd’hui, qui sur plus de soixante ans, ont mis à jour l’hybride X 6407, cette petite pomme rouge, croquante et naturellement résistante à la tavelure. Car le métier de François Laurens, c’est de créer de nouvelles variétés de fruits qui conviennent au maraîcher comme au consommateur, et parce qu’elles nécessitent peu de traitements phytopharmaceutiques, s’inscrivent dans le cadre de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Trouver l’équilibre
« Pour créer une nouvelle variété de pommes, » explique le chercheur, « il faut trouver l’équilibre entre plusieurs aspects importants : le consommateur veut une chair de qualité tandis que l’arboriculteur attend une production fruitière régulière et économe en intrants. Enfin, étant dans une démarche de réduction des produits phytopharmaceutiques, nous mettons à jour des variétés résistantes aux maladies et aux ravageurs. »
C’est le cas pour la pomme Ariane, qui reste pourtant imparfaite. En effet, si elle est naturellement résistante à la principale affection du pommier qu’est la tavelure, Ariane demeure très sensible aux pucerons et demande une autre forme de vigilance de la part des arboriculteurs.
« Nous n’avons pas encore créé la pomme parfaite »
"Aujourd’hui, nous travaillons sur les descendants d’Ariane, précise François Laurens. Nous essayons d’en préserver les qualités tout en remédiant au problème des pucerons. Pour l’instant, nous n’avons pas encore créé la pomme parfaite."
S’il y a bien une chose que François Laurens a retenue de ses cours de sciences nat’, puis de ses études d’ingénieur agronome, c’est que la science n’a rien de magique. Lui et son équipe ne détiennent pas la solution miracle afin de mettre sur le marché une pomme qui ait toutes les qualités. En revanche, leur étroite collaboration avec pépiniéristes et arboriculteurs permet d’améliorer sensiblement les conditions de production.
Des actions complémentaires
« Nous dialoguons beaucoup avec les maraîchers, car nos actions pour réduire les produits phytopharmaceutiques sont complémentaires, » poursuit-il. « Par exemple, afin de prévenir l’apparition de la tavelure, un bon nombre d’entre eux broient les feuilles l’hiver, ce qui accélère la décomposition du champignon. Les résultats de nos recherches sont donc un plus sur un système qui fonctionne déjà. »
Un système dont les évolutions se constatent sur le long terme, le temps de la culture maraîchère n’étant bien entendu pas celui de la recherche : « Une nouvelle variété demande environ vingt années de recherches », aime à rappeler François Laurens.
Retrouvez le témoignage d’un arboriculteur qui produit la pomme Ariane.