Fragonard : l'incroyable musée de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort
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Aux portes de Paris, le musée de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne) conserve, entre autres collections, une exceptionnelle et très particulière série de 21 écorchés grandeur nature.
Si le nom de Fragonard évoque plutôt la peinture de scènes galantes ou de coquettes assoupies dans les draps froissés de leur boudoir rococo, il existe un autre Fragonard, cousin du premier et brillant anatomiste, qui s’est livré à un exercice radicalement différent sur le corps humain. Rien à voir. Encore que... D’une célébration légère et pleine de grâce de la chair, à sa dissection et conservation à des fins scientifiques, le sujet d’étude reste le même...
L’une des salles d’anatomie, consacrée aux squelettes
Décor de film, de roman policier, de nouvelle fantastique ou de thriller ?
Plusieurs salles s’offrent à nous, toutes dédiées à la médecine, vétérinaire essentiellement. Commençons par la salle d’anatomie comparée, qui permettait naguère aux étudiants de se familiariser avec nombre d’espèces animales, sauvages ou domestiques.
Mouton à cinq pattes
Petite mise en garde pour les âmes sensibles : plusieurs vitrines recèlent quelques impressionnantes monstruosités, ou erreurs de la nature, telles que veau à deux têtes ou mouton à cinq pattes (hé oui, ça existe), anomalies que tout vétérinaire doit connaître.
La seconde salle, dite de pathologie, accueille sous une impressionnante hauteur de plafond un grand nombre de squelettes, dont certains préparés au XVIIIème siècle.
Et dans les vitrines qui tapissent les murs, exposition de collections de mâchoires de chevaux, de bovins, d’ovins et de porcins, permettant l’apprentissage de la détermination de l’âge par l’usure dentaire, ou encore de plusieurs centaines de moulages de lésions des articulations des membres. Nous sommes dans une école vétérinaire, faut-il le rappeler ?
Salle suivante : nous voici en pleine... pathologie. Regard panoramique sur des affections tout droit surgies du passé et qui n’ont que très peu d’actualité aujourd’hui. On s’en réjouit !
Les crânes ou les os attaqués par les microbes côtoient d’impressionnantes ankyloses articulaires, témoignage de ces temps où l’animal de travail souffrait mille maux au service de l’homme.
Le point d’orgue d’une étonnante visite
Enfin, le visiteur est autorisé à pousser une lourde porte pour pénétrer dans le cabinet des écorchés. La pénombre se fait et il peut contempler les trésors de musée, cette extraordinaire collection. Impressionnant, et le mot est faible ! Ici, le temps semble s’être arrêté.
Ces corps humains et d’animaux ont été conservés depuis près de 250 ans grâce à des techniques mises au point par l’anatomiste pour mieux les étudier. « Il vernissait les corps avec de la résine de mélèze, pour les protéger contre les larves de Dermestre. Le même vernis qu’utilisait son cousin Jean-Honoré pour enduire ses tableaux ! », s’émerveille Christophe Degueurce, professeur d’anatomie et conservateur du musée.
L’une des salles de pathologie animale
Incroyablement bien conservés, les écorchés sont d’autant plus impressionnants qu’ils ont été mis en scène par leur « auteur » de façon parfois très théâtrale, comme ce « cavalier de l’Apocalypse », embarqué pour l’éternité dans une chevauchée hallucinée et tragique.
« Il vernissait les corps avec de la résine de mélèze. Le même vernis qu’utilisait son cousin Jean-Honoré pour protéger ses tableaux ! », s’émerveille Christophe Degueurce, conservateur du musée. Le musée regorge aussi d’autres bizarreries animales, des “monstres” rappelant que les créatures imaginaires des contes et légendes existent à l’état naturel : un veau à deux têtes (une naissance sur 10000), un mouton à cinq pattes, un cyclope, une sirène…
Un lieu passionnant, à découvrir !
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