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Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

26 novembre 2018 Info +

Éric Giry, conseiller aux affaires agricoles au Royaume-Uni

Les principaux sujets et enjeux

« Le Brexit est le sujet d’actualité qui occupe les esprits et la presse quotidiennement depuis près de 3 ans au Royaume-Uni et en Irlande ! Les enjeux sont d’importance, puisqu’il s’agit de détricoter 45 ans de vie commune et d’intérêts partagés. À notre niveau, se posent les questions du devenir de la Politique agricole commune (PAC), du devenir de la Politique commune des pêches (PCP), des conditions d’accès aux eaux britanniques et du partage de la ressource pour la flotte européenne et notamment française. En effet, 19% en volume et 24% en valeur des prélèvements français dans l’Atlantique Nord Est sont faits dans les eaux britanniques.

Seront cruciales les questions de l’instauration ou non de droits de douanes, de la reprise ou non à moyen et long terme de la réglementation alimentaire (normes produits, règles d’étiquetage, indications géographiques, sanitaires, phytosanitaires...). Les conditions d’une reprise/alignement ou d’une divergence réglementaire parallèlement au développement de nouveaux accords commerciaux entre le Royaume-Uni et les pays tiers dessineront les conditions d’une reprise plus ou moins stricte des contrôles aux frontières. La problématique de la frontière irlandaise avec la question de l’imbrication totale des activités entre le nord et le sud depuis 20 ans et l’exigence partagée par les parties d’une absence de frontière reste le nœud de la négociation. »

L'export agricole et agro-alimentaire en chiffres

  • Le Royaume-Uni est dépendant de l’Union européenne à plus de 60% pour ses exportations et à plus de 70% pour ses importations.
  • Le Royaume-Uni est le 3e marché à l’export pour la France (autour de 5,5 milliards d'euros, soit environ 9% de nos exportations).
  • Le Royaume-Uni est le 1er marché à l’exportation pour l’Irlande et représente 35% de ses exportations en 2017.

L'approche de travail

« Dans ce contexte, le travail au quotidien du CAA se concentre en particulier sur les activités de veille et d'analyse sans lesquelles il n'est pas possible de saisir les options et prises de positions des différentes parties prenantes britanniques. Parallèlement, on réalise de nombreuses interventions en France pour expliquer le contexte britannique, mais aussi des interventions dans des think tank sur les approches françaises en matière de relations commerciales, étiquetage des produits agroalimentaires, gaspillage alimentaire, projet agro-écologique, 4 pour 1000... Avec mon binôme Julie Poirot, nous animons le « club agroalimentaire » dont l'objet est d’informer les entreprises françaises et les importateurs de produits français des négociations du Brexit et de les aider à se préparer à ses conséquences. »

Des success stories ?

« La nature du travail d’un CAA sur le territoire européen ne débouche pas nécessairement sur des résultats spectaculaires. Il s’agit plus "de tisser la toile". On peut cependant noter l'engagement du prince Charles sur les enjeux agro-écologiques et de préservation des sols avec, notamment, l'organisation du forum "Climate Friendly landscapes" en octobre 2016. »