Episodes de sécheresses 2015-2016 et santé des arbres
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Ces deux dernières années ont été marquées par des épisodes de sécheresses pour les forêts sur le territoire métropolitain.
En 2015, l’été a été chaud et marqué par deux périodes de canicules intenses en juillet. Si la fin de l’été a été plus arrosée, le climat est resté très sec sur tout l’Est de la France. En 2016, les conditions climatiques ont encore été difficiles pour les forêts. Le début d’hiver a été très sec. Des précipitations ont toutefois été abondantes au cours du premier semestre, sauf sur le pourtour méditerranéen qui a continué à souffrir d’un climat sec. En été, la sécheresse a repris jusqu’en novembre, ponctué de pics de chaleur. Les températures élevées et les épisodes secs de ces deux années ont créé un stress hydrique marquant pour la forêt française.
Ce que le réseau de correspondants-observateurs a observé
Dès le mois d’août, les correspondants-observateurs ont relevé des symptômes dans les feuillages. Les conséquences directes des sécheresses de 2015 et 2016 ont été des colorations de feuillages (jaunissements, rougissements), des flétrissements de feuilles et de pousses (chênes, peupliers, hêtres), des dessèchements de houppiers (épicéas) et des pertes précoces de feuilles (bouleaux, châtaigniers) dans les zones touchées. Des fentes sur troncs ont également été identifiées sur cèdres.
Les symptômes ont été les plus marqués sur les stations ayant une faible réserve en eau (sols superficiels, …), les plus « asséchantes » (lisières, pentes, versants sud…) et sur les arbres les plus sensibles (hêtre de plaines, jeunes plantations, douglas et mélèzes de basse altitude, châtaignier attaqués par l’encre…). La nature des sols et la position topographique sont des critères essentiels dans l’intensité des dommages liés à la sécheresse.
En 2015, les zones touchées ont concerné essentiellement l’Est de la France, qui, après deux mois d’été chauds et secs, n’a pas bénéficié des pluies de fin d’été qui sont tombées sur le reste de la France. En 2015, la France est donc découpée en deux grandes zones bien distinctes : l’Est qui a souffert de façon continue de la sécheresse et le reste du pays qui a connu des précipitations plus abondantes à la fin de l’été.
En 2016, les zones impactées ont concerné essentiellement la Provence, les Pyrénées-Orientales et les causses du Lot qui n’ont pas profité des précipitations printanières qui ont eu lieu sur le reste du pays.
Parmi les peuplements les plus sensibles aux sécheresses, on note les jeunes plantations sur sols difficiles. La profondeur de l’enracinement explique pour beaucoup la résistance des arbres aux sécheresses. C’est ainsi qu’en 2016 dans les Landes, de nombreuses plantations de pins de 2 à 6 ans sur sols difficiles ont totalement rougi. Pour ces plantations, la situation est irréversible car les arbres ne disposent d’aucune capacité de renouvellement de feuillaison, ni d'émission de nouvelles pousses. Sur les sols où l’alios est proche de la surface, l’enracinement des jeunes arbres ne peut se faire en profondeur et les couches superficielles des sols sont plus vite en phase de dessiccation.
Pour les plantations plus jeunes de première année, le DSF met en œuvre chaque année un suivi d’environ 800 plantations sur l’ensemble du territoire .
En 2015, les observations localisent les échecs de plantations dans le grand quart Nord-Est. 25 % des placettes observées n’ont pas atteint le seuil de regarni de 80 % de plants vivants, 17 % en 2016.
Quelles conséquences de ces deux années de sécheresses consécutives ?
Le réseau a pu enregistrer les conséquences directes des épisodes de sécheresses mais il faudra attendre plusieurs années pour connaître les conséquences du climat de ces deux années. Difficile de prévoir l’avenir des peuplements qui ont été touchés, d’autant que les épisodes de sécheresses ont été interrompus par un épisode bien alimenté en eau durant le premier semestre 2016. Cette pluviométrie a eu des conséquences positives sur la santé des forêts : elle a été par exemple à l’origine de l’arrêt des pullulations de scolytes qui avait démarré avec la sécheresse 2015.
Certains peuplements ont ainsi su profiter du climat redevenu favorable comme le douglas par exemple, qui avait fortement rougi en 2015, et qui a su profiter du printemps humide de 2016. Qu’en sera-t-il des peuplements qui ont cumulé les deux années de sécheresse sans les pluies printanières. Sur le pourtour méditerranéen, les forêts n’ont pas reçu de précipitations normales depuis décembre 2015. Cette période sèche s’ajoute aux sécheresses cumulées de ces dernières années qui mettent à mal les peuplements, en particulier sur les sols pauvres ou superficiels.
Les arbres qui auront été fragilisés seront plus sensibles aux éventuelles attaques à venir de ravageurs ou pathogènes secondaires (scolytes, pissodes, cochenille du pin maritime ...) ou d’organismes opportunistes présents dans les peuplements comme le sphaeropsis des pins. En méditerranée, le début 2016 a été marqué par de nombreuses attaques de puceron sur pins et également sur chênes. Ces sécheresses pourraient jouer un rôle de facteurs déclenchants dans l’enchaînement des facteurs impliqués dans les dépérissements, les facteurs prédisposants regroupant les stations pauvres ou difficiles, et les facteurs aggravants étant joué par les ravageurs biotiques secondaires.
Les périodes sèches de 2015 et 2016 n’ont toutefois pas été les plus dommageables. En effet, toutes les sécheresses n’ont pas le même impact qui dépend de l’intensité, de la durée mais également de la période de la sécheresse. L'impact des sécheresses est d'autant plus important qu'elles sont précoces : les sécheresses estivales et automnales de 2015 et 2016 ont moins d’impact que la sécheresse de printemps et d'été de 2003 ou de 1976. Dans le même ordre d’idée, si le déficit hydrique hivernal actuel se maintient jusqu'au printemps 2017, les dommages devraient être particulièrement forts pour les forêts.