Entre mer et volcans, La Réunion, une île de grande tradition agricole
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Destination recherchée pour son volcan, ses cirques ou ses sentiers de randonnée, La Réunion est aussi une terre agricole aux nombreuses ressources.
Compte-tenu du relief montagneux, du classement au Parc national de 150 000 hectares situés au cœur de La Réunion, et de la pression urbaine, l’agriculture ne couvre que 17% du territoire. Cependant, malgré la faible surface qui leur sont consacrées, agriculture et agroalimentaire occupent une place importante.
La latitude tropicale de l’île et son relief important, qui culmine à plus de 3 000 mètres, ont engendré une multiplicité de micro-climats. Ceux-ci lui permettent de posséder l’une des agricultures les plus diversifiées au monde sur un territoire aussi restreint – 420 km² de superficie agricole utile (SAU), soit un demi-hectare par habitant. On y trouve en effet aussi bien des cultures typiquement tropicales à l’instar de la vanille, de l’ananas ou de la canne à sucre, que des spéculations plus caractéristiques des zones tempérées comme la pomme de terre ou l’élevage laitier.
Outre son importance économique, l’agriculture joue également un rôle social essentiel (15 000 actifs permanents, soit 4,6% de la population active) et contribue à l’aménagement du territoire. Les entreprises agroalimentaires emploient quant à elles plus de 4 000 salariés, soit environ un tiers des emplois industriels.
Performante, la production locale couvre à 70% le marché intérieur en produits frais locaux, tant en fruits et légumes que produits animaux. Ce taux est l’un des plus élevés connu parmi les économies insulaires tropicales.
La canne à sucre demeure le principal pilier de l’économie agricole de l’île, par son importance en termes de surfaces, d’emplois (près de 2 800 exploitations et, au total, 14 000 emplois liés aux secteurs canne, sucre, rhum et production d’énergie) et de capacités d’exportation. La filière représente en effet 50% des exportations alimentaires, soit le tiers du total des exportations réunionnaises.
L’agriculture fournit en outre la deuxième source d’énergie renouvelable de l’île après l'énergie hydro-électrique grâce à la bagasse issue de la canne à sucre. Celle-ci permet d’éviter l’importation de 140 000 tonnes de charbon chaque année.
Fruits et légumes sont à l’origine de la première source de revenu agricole de l’île
La quasi-totalité des fruits et légumes courants peut être produite à La Réunion grâce à l’ensoleillement et aux différents gradients d’altitude. La mise en place de systèmes de culture sous abri permet aussi de s’affranchir en partie des contraintes climatiques.
Conquérir le marché de la restauration collective et développer des unités de transformation industrielle figurent parmi les principaux enjeux. Mais l’exportation vers l’Europe de fruits « d’exception » comme l’ananas Victoria, le letchi, le fruit de la passion ou la mangue est également une opportunité pour développer l’agriculture locale sur des marchés de niche où la qualité de l’origine Réunion est reconnue.
Lancée il y a 40 ans, la mise en place des filières de productions animales organisées autour des coopératives et des organisations interprofessionnelles représente un trait fort du dynamisme de l’agriculture réunionnaise.
Que seraient les Hauts de La Réunion sans leurs éleveurs ?
Les filières animales couvrent aujourd’hui plus de 50% des besoins du marché local.
Pour se maintenir et se développer, l’agriculture réunionnaise doit relever un défi majeur : la préservation du foncier agricole contre un développement urbain dynamique. L'enjeu de sauvegarde des terres cultivables est bien compris de la part des partenaires institutionnels de La Réunion, qui ont créé avec l’État un Groupement d'intérêt public chargé de protéger ce patrimoine.
Le marché de la pêche est structuré avec une filière aval bien organisée
Si la pêche australe exporte 95% de sa production (6 000 tonnes), la pêche palangrière hauturière en exporte 50% tandis que la pêche artisanale côtière commercialise toute sa production sur le marché local.
Le marché réunionnais est en devenir. La consommation de poissons par les ménages y est inférieure à la moyenne française et européenne, et la part qu’y tiennent les produits de la pêche réunionnaise est marginale (15%), mais avec un potentiel de développement du marché local intéressant.
Un produit, un lycée agricole, une forêt, un événement, une initiative…
Retrouvez ci-dessous les spécificités de la région avec, au choix :
La vanille bourbon, une production artisanale
Installée au cœur d’un authentique domaine créole, le Domaine du Grand Hazier, La Vanilleraie est le fruit de la rencontre entre des producteurs de vanille passionnés par leur métier et d’un transformateur de vanille.
La vanilleraie se situe à Sainte-Suzanne, à 10 minutes de l’aéroport Roland Garros. Cette commune est le berceau de la culture de la vanille à La Réunion. C’est en effet sur les terres du domaine historique du Grand Hazier, au lieu-dit Belle Eau, qu’ont été implantés les premiers vanilliers originaires du Mexique. C’est également à Sainte-Suzanne qu’a été découvert le procédé de fécondation de la fleur du vanillier par Edmond Albius, jeune esclave originaire de la commune.
L’objectif de La Vanilleraie est de renouer avec une production artisanale de vanille de qualité. Cela passe en premier lieu par la sélection des meilleurs producteurs de vanille de l’île de La Réunion. Implantés sur trois terroirs bien distincts, 30 producteurs de vanille cultivent avec attention et passion cette délicate orchidée. Une fois récoltées au stade optimum de maturité, les gousses de vanille vertes, gorgées d’arômes, sont confiées aux bons soins du préparateur, fort de 30 ans d’expérience dans le métier. Il sait en tirer la quintessence grâce aux soins attentifs et méticuleux apportés au cours du lent processus de préparation et de maturation aromatique des gousses.
Garante de la tradition, mais aussi tournée vers l’avenir par son travail de sélection variétale et ses recherches sur les terroirs, en collaboration avec l’université de la Réunion, la Vanilleraie redonne à la vanille de La Réunion ses lettres de noblesse et contribue à maintenir sa réputation mondiale au travers de récompenses reçues, notamment au Salon de l’agriculture de Paris (5 médailles d’argent, 3 médailles d’or dont double médaille d’or en 2018, et 3 prix d’excellence).
EFPA de Saint-Joseph
Cœur historique de l'enseignement agricole à la Réunion, le lycée agricole de Saint-Joseph a vu le jour en 1955. Riche d'une expérience de 60 ans, l'EPLEFPA se compose de 4 centres constitutifs :
- Le lycée professionnel prépare aux métiers de l'agriculture, de l'agroéquipement, de l'horticulture et de l'agroalimentaire et propose des formations du CAP au Bac pro. La section Sportive "Rando'Trail" permet aux élèves de valider un brevet fédéral. S'appuyant sur un ancrage territorial de plus d'un demi-siècle et sur une longue expérience dans la formation, le suivi et l'accompagnement professionnel des jeunes, le lycée agricole de Saint-Joseph a toujours su évoluer pour proposer un enseignement de qualité. Pôle de compétences dans les secteurs des productions agricoles, le lycée s'ouvre désormais aux métiers du secteur de l'agroalimentaire. Les membres de la communauté éducative accueillent chaque année sur le site plus de 240 lycéens, venant de toute la Réunion mais aussi de différents pays de la zone Océan Indien.
- Le Centre de formation d’apprentis Agricole (CFAA) propose des formations en alternance dans les domaines des productions végétales, de l’élevage, de l'agroalimentaire et de l'agroéquipement du CAP au BTS.
- Le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) propose des formations diplômantes et de courte durée qui ont accessibles aux demandeurs d'emploi de plus de 18 ans, aux actifs agricoles et aux porteurs de projet.
- L’exploitation agricole est un outil pédagogique et lieu d'expérimentation. Située à proximité des locaux d’enseignement du lycée, du CFAA et du CFPPA, elle s'étend sur un domaine de 20 ha en polyculture élevage. Elle dispose d'ateliers de productions végétales, de productions animales et un espace apicole. Créée en 1955 de façon concomitante au lycée, alors collège agricole, l’exploitation a régulièrement évolué depuis cette date afin d’accompagner au mieux l’évolution de l’agriculture réunionnaise. C’est une exploitation en phase avec les exploitations professionnelles de la Réunion tant sur la nature des productions que de leurs volumes, ce qui en fait un outil adapté à la formation de tous les apprenants (élèves, apprentis et stagiaires). Les activités pédagogiques, les travaux pratiques et les travaux dirigés par les enseignants, font partie intégrante des formations proposées. Outre l’acquisition des gestes professionnels et le développement de l’autonomie dans la conduite des productions, l’exploitation met à disposition des enseignants et des apprenants tous les documents techniques et économiques en lien avec l’ensemble de ses activités. Dans le cadre de la coopération internationale, elle accueille également des stagiaires et des enseignants des pays de l’Océan Indien souhaitant découvrir des nouveaux itinéraires techniques.
Support pratique des formations du secteur de l’industrie de transformation, le hall Agroalimentaire occupe une surface de plus de 400 m2. Constitué de trois espaces indépendants (abattage de volailles et salle de préparation froide, transformation des produits végétaux et espace de cuisson, fumage et stérilisation), ce lieu de formation privilégié est le support pédagogique de la formation Baccalauréat Professionnel Bio Industries de Transformation. Ce hall accueille également régulièrement les apprentis préparant le CAP TA, le BPA et le bac pro BIT ainsi que les stagiaires du CFPPA. Dans le cadre d’un partenariat avec l’IUT et l’université, le hall agro-alimentaire est également utilisé pour la formation des étudiants.
L'EPLEFPA est membre du Réseau des Etablissements Agricoles Professionnels Afrique Australe océan Indien (REAP_AAOI), outil de coopération des établissements partenaires. Le programme de formation mis en œuvre par l'EPLEFPA répond à une mission de coopération internationale des établissements d'enseignements agricoles français.
Plusieurs actions de formation ont bénéficié du soutien du programme INTERREG V océan Indien :
- Réalisation de formations diplômantes de niveau 3 (CAP Agriculture Régions Chaudes et BPA) destinées aux agriculteurs et ouvriers agricoles de Rodrigues afin de les professionnaliser.
- Programme de coopération éducative transfrontalière. Il s’agit notamment de l’accueil en stage à La Réunion de formateurs et de personnels des établissements partenaires de Madagascar et des Comores et de stages d’étudiants du LPA de St-Joseph à Madagascar.
Visite virtuelle :
La filière forêt-bois
Le PRFB : une feuille de route pour la filière forêt-bois
Le Programme Régional de la Forêt et du Bois (PRFB) de La Réunion a été validé en 2020. Le PRFB est le document stratégique élaboré par la commission régionale de la forêt et du bois (CRFB) qui couvre tous les sujets en lien avec les forêts, qu'elles soient publiques ou privées ou avec ses produits à tout stade des filières. Il reprend les objectifs du programme national (PNFB) et donne une vision pour les 10 prochaines année.
Il se décline en :
- 5 principes d’attention : maintien de la couverture forestière, préservation des richesses naturelles de forêts, renforcement de l’attrait de fréquentation touristique, valorisation du potentiel économique et développement des talents régionaux.
- 6 objectifs ciblés : le développement du bois d’œuvre, le développement du bois-énergie, une meilleure connaissance de la forêt privée, la rémunération au juste prix les biens et services de chacun des maillons de la filière forêt bois, la renaissance des filières et de développement de la formation.
- 4 domaines d’actions : la connaissance de la forêt, le modèle économique, la gestion de la ressource et l’animation de la filière forêt-bois.
Ces quatre domaines d’action sont déclinés en 10 fiches action :
- Inventorier et décrire les étendues arborées privées,
- Préparer un contrat de filière sur les bases d'un modèle rénové à partir d'une étude macro-économique,
- Soutenir les investissements pour la mobilisation des bois,
- Promouvoir les réalisations et les savoir-faire,
- Renouveler la forêt de production,
- Construire les itinéraires techniques de mobilisation du bois-énergie,
- Valoriser les productions agricoles de forêt,
- Accompagner les propriétaires forestiers privés,
- Communiquer sur la gestion forestière,
- Déployer un plan stratégique de formation.
Le PRFB découle d'une vision commune partagée par les acteurs de la forêt et en particulier par les membres de la CRFB. Il cadre la stratégie pour le développement de la filière forêt bois pour les 10 années à venir.
Le PRFB a fait l'objet d'une évaluation environnementale avec un avis de l’Autorité environnementale en septembre 2020. Le Parc National de La Réunion a également validé le PRFB.
Il a été soumis à la participation du public dans les conditions prévues aux articles L120-1 à L120-2 du code de l'environnement (art. L122-1 du code forestier). Son approbation par arrêté ministériel est prévue en début d’année 2021.
Validation du PRFB par la CRFB
Le Programme Régional de la Forêt et du Bois (PRFB) a été validé le 27 janvier 2021 par la commission régionale de la forêt et du bois de la Réunion, co-présidée par l’État, le conseil régional et le conseil départemental. Il sera soumis prochainement à la validation du ministre de l’agriculture.
Le PRFB concerne les 120 000 ha de forêt publique et privée de l’île et se veut résolument opérationnel pour donner une feuille de route et des perspectives pour les 10 prochaines années pour le développement économique de la filière forêt-bois. Les 10 grandes actions proposées dans ce document répondent aux grands enjeux de cette filière. Des pilotes et des financements ont été identifiés. Des réunions régulières de cette commission permettront de suivre l’avancée des actions du programme.
Tous les documents relatifs au PRFB se trouve sur le site internet de la DAAF au lien suivant :
https://daaf.reunion.agriculture.go...
Les documents présentés lors de cette commission se trouvent ici :
CRFB3_la_demarche_ (format pdf - 7.8 Mo - 28/01/2021)
CRFB3_le_programme_ (format pdf - 2.4 Mo - 28/01/2021)
Distillerie Rivière du Mât, un savoir-faire innovant pour une agriculture durable
Créée en 1886, la distillerie Rivière du Mât tire son nom de la principale rivière de La Réunion, située au nord-est de l’île. C’est la plus importante des trois distilleries locales, avec une capacité théorique de 400 hectolitres d’alcool pur par jour. Son site actuel de production se situe depuis 1984 à Saint-Benoît, dans le quartier de Beaufonds. Elle est alimentée en mélasse par les deux sucreries de l’île : Le Gol et Bois Rouge.
La production de la distillerie est commercialisée ainsi :
- Le rhum traditionnel de sucrerie est consommé localement pour 30% de la production, le solde étant exporté en France Métropolitaine.
- L’eau de vie de canne et le rhum « léger » sont exportés en Europe avec pour marchés principaux la France métropolitaine, l’Allemagne et l’Italie.
Du fait de l’étroitesse du marché local et ne pouvant maintenir son outil industriel et ses emplois pour le seul marché réunionnais, l'entreprise s’est toujours tournée vers l’exportation.
Depuis fin 2012, la distillerie est détenue par la Compagnie financière européenne de prise de participation (COFEPP), société holding du groupe La Martiniquaise, deuxième groupe français spécialisé dans la fabrication et la distribution de vins et spiritueux (derrière Pernod Ricard).
Une entreprise soucieuse de l'impact environnemental de ses activités
La distillerie procédé en 2011 à l'implantation d’une unité de méthanisation des vinasses. Cette unité a permis le traitement anaérobie de 50% des vinasses par méthanisation et la valorisation énergétique du biogaz pour produire de la vapeur en auto-consommation.
Aujourd’hui, la maîtrise du process de méthanisation permet à la distillerie Rivière du Mât d’engager le projet de méthanisation de la totalité de ses vinasses. Elle doublera ainsi sa production de biogaz et sa capacité de cogénération (vapeur et électricité).
L'énergie thermique (vapeur) sera consacrée aux process de la distillerie, et l'électricité produite par les cogénérateurs sera distribuée sur le réseau EDF. Ce projet est porté par la société Saint-Benoît Énergies Vertes, associant la distillerie et Albioma – producteur d'énergie renouvelable indépendant –, sur le site de la distillerie de Beaufonds. Les travaux débuteront en 2018.
Enfin, la distillerie Rivière du Mât prévoit la mise en place d'un recyclage agricole contrôlé des coproduits appelés « ferticanne » issus de la méthanisation. Ils seront utilisés dans le cadre d'un plan d'épandage de 1 342 hectares concernant 105 exploitations agricoles.
Une diversification dans la production de bioéthanol
Animée du souci d’assurer toujours plus solidement son avenir, la distillerie s’ouvre à de nouvelles perspectives de développement. Elle prévoit ainsi la production de bioéthanol qui lui permettra d'alimenter une turbine à combustion (TAC) mise en place par la société Albioma, producteur d'énergie verte, à Saint-Pierre.
Cette TAC viendra en renfort des moyens de production déjà existants, notamment aux heures de pics de consommation électrique. D’une puissance de 41 MWe, la TAC, conçue par General Electric, sera à 80% alimentée par du bioéthanol issu de la mélasse des campagnes sucrières. Du fioul léger sera utilisé uniquement lors des phases de démarrage et d’arrêt de la centrale.
La distillerie Rivière du Mât s'inscrit ainsi pleinement dans les axes de développement des énergies circulaires avec la production de biogaz (Saint-Benoît Énergies Vertes) et de bioéthanol (Albioma) qui figure dans la programmation pluri-annuelle de l'énergie de La Réunion (PPE 2016-2023).
La région Réunion en chiffres
- 17% du territoire régional utilisé par l’agriculture
- 7 500 exploitations agricoles
- 15 000 hommes et femmes travaillent de façon permanente sur les exploitations agricoles
- Première région européenne productrice de sucre de canne
- Plus de 100 000 hectares de superficies boisées
- 4 300 salariés dans le secteur des industries agroalimentaires
- 1 400 élèves répartis dans 8 établissements d’enseignement agricole ; des formations de la 4e à la licence pro, en partenariat avec l’Université
- 350 apprentis
Retrouvez le site de la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt de La Réunion
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25 mars 2020Régions