Enseignements non francophones dans l’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager
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Le CGAAER a été chargé de formuler des recommandations pour favoriser le développement de l’enseignement non francophone et du « français langue étrangère » dans les écoles de l’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager.
J.Barande Rapport de mission de conseil n°18088
Juin 2019
Mots-clés : enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager, politique linguistique, internationalisation, enseignement non francophone, langue anglaise, francophonie, français langue étrangère, ressources humaines.
Enjeux
Avec ses écoles d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager (ESAVP), le ministère dispose d’un outil performant pour diffuser à l’international son approche des enjeux dans les domaines qui sont les siens.
Ces écoles sont elles-mêmes inscrites dans une compétition internationale pour accueillir les meilleurs étudiants et enseignants-chercheurs, et prendre part au programme gouvernemental « Bienvenue en France ». Ce programme vise à doubler le nombre d’étudiants étrangers accueillis pour maintenir la France dans le classement de tête des pays assurant des formations aux décideurs internationaux de demain.
Une mission du CGAAER a été chargée de dresser un état des lieux de la politique linguistique des écoles sous tutelle du ministère ou sous contrat avec lui, et de faire des recommandations sur les objectifs et les conditions du développement de l’enseignement non francophone (ENF) et du « français langue étrangère » (FLE).
Méthodologie
La mission a rencontré des représentants de l’Agence universitaire de la francophonie et de Campus France, des employeurs des secteurs internationaux de l’agroalimentaire et de la santé, et des structures travaillant au niveau international.
Une enquête a été réalisée auprès des établissements pour étudier leur politique linguistique. Elle a procédé à des études bibliographiques et à une comparaison avec d’autres établissements français et étrangers.
Résumé
Les employeurs à l’international attendent des diplômés une bonne maîtrise de l'anglais opérationnel.
Des enseignements en anglais contribuent à l’attractivité des établissements et à l'essor de leurs partenariats internationaux.
Alors que l’enseignement du FLE est a priori très utile pour convertir des étudiants non francophones en ambassadeurs de la francophonie, le ministère n’explicite pourtant pas de politique linguistique susceptible d'inspirer celle de ses écoles.
Si la Commission des titres d’ingénieur et la Conférence des grandes écoles formulent des préconisations de maîtrise d'anglais ou de FLE, l’organisme européen évaluateur des Écoles nationales vétérinaires (ENV) n’en formule pas et l’École nationale supérieure du paysage (ENSP) n’a pas d’organisme évaluateur.
Globalement, la part d’enseignement disciplinaire en anglais apparaît trop réduite pour répondre aux attentes. Dans les écoles d’ingénieur elle est plus limitée que dans d’autres établissements français ou étrangers. Elle a surtout lieu la dernière année du cursus, du fait d’une mutualisation avec les enseignements de master(e)s qui font de plus en plus l’objet d’une « anglicisation ». Dans les ENV, la part des enseignements disciplinaires en anglais est extrêmement faible au cours des cinq années. Ce faible nombre limite donc les compétences linguistiques des diplômés français, l’attractivité vis-à-vis d’étudiants non francophones et le taux de mobilité entrante non-francophone.
L’enseignement du FLE, exigé par seulement 65% des établissements, devra changer d'ambition pour accompagner le programme « Bienvenue en France ».
Les ressources humaines constituent le principal frein à une politique ambitieuse d’ENF. Trop peu d'enseignants-chercheurs (E-C) français s’estiment préparés à cet exercice du fait d’un manque d’exigences linguistiques lors du recrutement puis d'accompagnement. Le recrutement d’E-C anglophones est trop limité. Les doctorants étrangers et les enseignants de langue, ne contribuent pratiquement pas aux ENF. Les personnels techniques et administratifs ne sont pas impliqués.
Pour remédier à la situation, la mission recommande d'abord de rédiger, à l’instar d’autres pays européens, un document national de politique linguistique visant le développement de l’enseignement disciplinaire en anglais et la maîtrise du FLE. Tous les établissements doivent développer dans leur COP un volet linguistique et le faire partager dans les conseils d'administration et départements d’enseignement.
Elle recommande également d'amplifier l’anglicisation dans les master(e)s et développer plus de séquences en anglais dans tous les cursus semestrialisés. Le FLE doit être adapté à une augmentation du nombre d'étudiants non francophones, exiger un niveau B2 en fin de cursus et accueillir beaucoup plus d’encadrants anglophones. Il doit aussi favoriser le recrutement d'enseignants-chercheurs ayant réalisé un séjour dans un pays non francophone, encourager les périodes d'immersion à l'étranger et mobiliser les enseignants de langue et les doctorants non francophones.