Portrait d'Élodie Le Roux Teixeira
Cheick Saidou / agriculture.gouv.fr

06 mars 2025 Info +

Élodie Le Roux Teixeira : « L’humain est une part importante de mon métier »

Attachée à son terroir, Élodie Le Roux Teixeira est à la tête d’une exploitation de fruits rouges, La Poujade, dans la Vallée de la Dordogne. Après une expérience en dehors du monde agricole, elle est revenue à ses premières amours et a repris les rênes de la structure familiale. La transmission intergénérationnelle, la répartition des tâches, la gestion du personnel… Elle raconte son quotidien.

Élodie Le Roux Teixeira est installée avec son mari sur l'exploitation familiale, dans la commune de Cendrieux, au cœur de la Dordogne. Elle y cultive un incontournable du terroir périgourdin : la fraise, mais également des framboises et des myrtilles. Plus d'une vingtaine d'hectares sont dédiés à la culture en plein sol de ces fruits rouges, dont la cueillette commence au printemps. « Avec seulement ce que la nature nous donne, on arrive à avoir des fraises le 1er mars. On a des myrtilles jusqu'en septembre, des framboises et des fraises jusqu'aux gelées, c’est-à-dire début novembre. »

Élodie produit des Fraises du Périgord, qui bénéficient d’une Indication géographique protégée. Cette certification garantit officiellement l'origine des produits qui ont une histoire et une tradition dans une région. Une reconnaissance de la richesse du terroir et de la qualité de sa production. « C'est très enrichissant de proposer des fruits qui sont bien produits pour les Français. »

Une histoire de famille

À l'origine de La Poujade, il y avait les grands-parents d'Élodie, qui se sont installés en 1960. D’abord consacrée à l’élevage de vaches laitières, l’activité s’est développée avec la culture de fraises, selon un système de polyculture-élevage sur lequel repose une majorité de fermes périgourdines. Mais ces deux productions n'étant pas compatibles en termes d'organisation du travail dans la journée, la fraisiculture s’est imposée. Les cultures se sont diversifiées les années suivantes, avec la production de framboises dans les années 2000 et de myrtilles en 2017, pour répondre à la demande du marché. Car ces petits fruits rouges ont la cote ! Les quantités achetées par les Français ont triplé entre 2015 et 2022 (FranceAgrimer, 2023).

Les parents d’Élodie ont repris l’exploitation, avant de lui transmettre à son tour. Aujourd’hui, elle gère l’entreprise avec son mari, fière de continuer cette histoire familiale, mais non sans une certaine pression. « C’est glorifiant de savoir que c'est l'exploitation familiale. C'est aussi très stressant. J’ai eu la chance de reprendre une exploitation qui fonctionne, j'ai donc le devoir de la faire perdurer. Je ne voudrais pas que ça s'effondre. Une mauvaise année de fraises, un problème de gestion du personnel... Ça peut aller vite. »

Un retour à ses terres

Pour elle, reprendre l'exploitation familiale n’était pas une évidence. Après un baccalauréat agricole, elle bifurque et suit une formation en gestion d’entreprise dans le secteur médico-social. Elle intègre un réseau de soins palliatifs en 2008, puis devient directrice du service d'aide à domicile du Grand Périgueux. « Humainement, que ce soit avec les auxiliaires de vie ou avec les patients, c'était un métier très enrichissant. » Mais les structures évoluent, fusionnent et l’éloignent du terrain. Son travail ne lui convient plus. En 2018, elle décide de rejoindre son mari, qui travaillait déjà à La Poujade avec ses parents depuis 2011.

La différence entre aujourd’hui et hier ? La flexibilité et le travail pour soi. « Quand j’étais salariée, je participais à l’évolution de structures qui n’étaient pas les miennes. Maintenant, je travaille pour moi, c’est une grande différence. C’est une fierté de travailler au quotidien pour faire évoluer mon entreprise. »

De la cueillette à la gestion du personnel : des missions variées

À La Poujade, les journées sont rythmées par le soleil. La cueillette commence à l’aube. « On a beaucoup de fraises gariguettes, une variété qui n’aime pas la chaleur. On embauche tôt pour cueillir un maximum de fruits avant midi. » La production est livrée quotidiennement – jusqu’à quatre fois par jour en pleine saison – à la coopérative locale, dont l’exploitation est adhérente depuis 1990.

« On travaille avec du végétal, donc on doit s'adapter en permanence, en fonction des aléas climatiques. L’humain est aussi une part importante de mon métier ; au mois d’avril, 80 personnes de trois nationalités différentes travaillent avec nous. La barrière de la langue peut être un peu compliquée. On est tout le temps en train de s'adapter, autant au niveau des fraises qu'au niveau du personnel. »

Élodie Le Roux Teixeira

En plus du travail dans les champs, la gestion d'une exploitation agricole implique d'autres obligations, comme les tâches administratives. Cette organisation requiert de la polyvalence. « Finalement, mes études me servent encore, parce que gérer une entreprise, qu'elle soit médico-sociale ou agricole, c’est pareil. Je pense que c'est important d'avoir travaillé un peu à l'extérieur avant de revenir. »

Au quotidien, le couple se répartit les missions de manière équilibrée. Élodie s’occupe du personnel, tandis que son mari est en charge des missions de traitement phytosanitaire. « J'ai toujours connu ce système-là, des couples qui travaillent ensemble sur l'exploitation. En général, les femmes s'occupent de la gestion du personnel et les hommes de l’arrosage et des missions plus techniques. Dans la culture des fraises, le modèle est comme ça. On n’est pas dans un milieu très masculin, à la différence de l'élevage ou des céréales. Les femmes ont toute leur place dans le monde agricole. »

L’exploitation agricole d’Élodie Le Roux Teixeira en chiffres

  • La Poujade a été créée en 1960 ;
  • 20 hectares de fraises dont 18 en plein sol, 2 hectares de framboises et 2 hectares de myrtilles ;
  • Aux côtés d’Élodie et son mari, deux chefs d'équipe sont à temps plein sur l'exploitation ; 80 saisonniers travaillent avec eux en pleine saison.

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