Ecophyto : agir pour protéger la santé des agriculteurs
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Réduire le recours aux produits phytosanitaires ne répond pas seulement à une préoccupation environnementale. Il s’agit également d’un enjeu de santé publique, puisque ces substances peuvent avoir un impact sur l’organisme, à court et long termes. Pour en limiter les effets pour les agriculteurs, des précautions s’imposent, notamment, au niveau du stockage et de l’utilisation.
Herbicides, fongicides, insecticides, et d’autres produits encore, sont utilisés contre les ravageurs des cultures (insectes, invertébrés, vers, plantes champignons, bactéries…) pour les détruire, les contrôler ou les repousser. Le plan Ecophyto vise à réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et leur impact sur l’environnement, mais aussi sur la santé humaine. À court ou à long terme, ces substances peuvent en effet représenter un risque pour la santé des agriculteurs.
En milieu professionnel, l’exposition à ces composés peut se produire lors des différentes phases d’utilisation des produits (manutention, préparation de bouillies ou de mélanges, pulvérisation, nettoyage…). Elle se fait principalement par voie cutanée (80% selon le rapport établi par l’Inserm en 2013 sur les effets des pesticides sur la santé. Les voies respiratoires des agriculteurs peuvent également être touchées, lors de circonstances particulières d’application (fumigation, utilisation en milieu fermé…).
Des effets réels à court et long termes
« Les risques liés à une exposition intense sont connus depuis longtemps », précise Olivier Briand, chargé de mission des risques liés aux produits chimiques et risques biologiques au ministère en charge de l’agriculture. Suite à une intoxication aiguë due à une exposition accidentelle, les effets se manifestent rapidement. Il s’agit généralement de maux de tête, de nausées, de vomissements, de diarrhées, de brûlures et irritations.
Lors d’une exposition prolongée aux pesticides, ces intoxications sont potentiellement plus graves. Elles peuvent, en effet, participer au développement de pathologies importantes : cancers, maladies neurodégénératives (maladie de Parkinson ou Alzheimer). Ces substances pourraient également être à l’origine d’effets indésirables impactant la grossesse et le développement de l’enfant ou encore la fertilité. « Le lien direct entre l’exposition aux pesticides et certains effets chroniques sur la santé est plus complexe à vérifier, nuance cependant Olivier Briand. Certaines pathologies peuvent être très longues à se développer et avoir plusieurs causes. C’est par exemple le cas pour les maladies neurodégénératives ou pour certains cancers. Néanmoins, il existe quelques cas de figure, où la mise en cause des produits a pu être clairement établie. L’arsenic de sodium, utilisé pour la viticulture, a été reconnu comme étant à l’origine de cancers bien spécifiques. Cela a conduit au retrait du produit du marché et à la reconnaissance des cas signalés en maladie professionnelle. »
Agir pour prévenir
Même pour ceux qui sont engagés dans une démarche de réduction des produits phytopharmaceutiques, les agriculteurs peuvent encore être amenés à recourir à certaines substances. Pour réduire les risques sur leur santé, quelques précautions s’imposent, notamment lors du stockage, de la préparation ou de l’utilisation de ces produits. Parmi ces recommandations :
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vérifier sur l’étiquette le classement toxicologique et écotoxicologique du produit ;
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prendre connaissance de l’étiquetage et de la fiche de données de sécurité (notamment sur les précautions d’emploi et de stockage). Les dangers potentiels y sont clairement signalés, ainsi que les conditions d’emploi à respecter ;
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stocker le produit dans un local adapté et conforme à la réglementation défini par décret (local spécifique, aéré, ventilé, fermé à clé…) ;
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porter les équipements de protection individuelle (gants, masque…) adaptés à chaque étape de manipulation (ces recommandations figurent sur les étiquettes des produits) ;
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vérifier la météo avant la réalisation du traitement (forte chaleur et vent déconseillés voire interdits pour l’utilisation de produits phytosanitaires) ;
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disposer d’un matériel opérationnel contrôlé périodiquement et bien réglé (buses d’appareil d’épandage) ;
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conserver des buses de rechange et ne jamais déboucher les buses à la bouche ;
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nettoyer le matériel et se laver entièrement après le traitement.
Produits phytosanitaires : des substances sous haute surveillance Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs pour évaluer les effets sur la santé des produits phytosanitaires et réduire leurs impacts. Avec l’avancée de la science et la production de nouvelles connaissances, les exigences sanitaires se sont progressivement renforcées. Aujourd’hui, Les produits sont réévalués régulièrement par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail). Depuis la loi d’avenir pour l’agriculture votée en octobre 2014, cette agence a également un rôle de phytopharmacovigilance. Comme pour la pharmacovigilance qui s’exerce sur les médicaments, il s’agit de centraliser l’ensemble des données sur les effets non intentionnels des produits phytosanitaires sur l’environnement ou sur la santé. Par ailleurs, l’autorité sanitaire étudie également l’apparition de phénomènes de résistance. L’emploi régulier d’un même produit peut en effet diminuer son efficacité chez les principaux bio-agresseurs des végétaux (champignons, insectes, mauvaises herbes…). Le ministère en charge de l’agriculture finance également un certain nombre d’études sur la santé, comme par exemple la cohorte Agrican sur les cancers en agriculture. « Nous nous appuyons sur les travaux de l’Inserm, qui a réalisé en 2013 une synthèse de toutes les études épidémiologiques disponibles sur le sujet, explique Olivier Briand. En interne, nous avons mis en œuvre un dispositif de veille, afin de surveiller les différentes publications internationales. » |
En savoir plus :
Rubrique du site de l’ANSES consacrée aux produits phytosanitaires
Etude de l’Inserm sur les effets sur la santé des pesticides
Voir aussi
Fermes Dephy : les alternatives aux pesticides, c’est possible !
17 mars 2016Presse
Infographie - Le plan Écophyto en chiffres
01 février 2020Santé / Protection des végétaux