Diversification de l’activité des pêcheurs et des aquaculteurs par le tourisme
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Une mission interministérielle a été chargée d'examiner les possibilités offertes aux pêcheurs et aux aquaculteurs de diversifier leur activité par le tourisme comme le « pescatourisme » et la commercialisation directe des produits de la mer
Rapport de mission interministérielle de conseil n° 16095 CGAAER-CGEDD-IGAM
Février 2017
Mots clés : pêcheur, aquaculteur, diversification de l'activité
Enjeux
La diversification des activités et des revenus des pêcheurs et des aquaculteurs fait appel à l'esprit d'entreprise, même si elle nécessite l'accompagnement des pouvoirs publics nationaux et locaux. Elle s'inscrit au carrefour d'enjeux importants comme la rentabilité économique des entreprises, la création d'emplois, l'aménagement du territoire, du développement durable ou l'innovation.
Le CGEDD, l'IGAM et le CGAAER ont été chargés de diligenter une mission relative aux possibilités et aux conditions pour les pêcheurs et les aquaculteurs, d'une diversification de leur activité par le tourisme, notamment le « pescatourisme » et la commercialisation directe des produits de la mer, transformés ou non. Ce travail pouvant servir de base au rapport du gouvernement prévu par l’article 79 de la loi du 20 juin 2016 pour l’économie bleue.
Méthodologie
La mission était composée de Dominique Stevens (CGEDD), Patrice Vermeulen (IGAM) et Philippe Garo (CGAAER).
Elle a réuni la documentation disponible (cadre réglementaire, études) puis a établi un bilan de la situation sur la base de ces documents et des réponses à un questionnaire adressé aux services déconcentrés en charge de la pêche et de l'aquaculture. Des entretiens ont été conduits avec des parlementaires et des élus locaux plus particulièrement engagés sur la question, ainsi qu'avec les administrations centrales et déconcentrées et les professionnels nationaux et locaux. La mission a aussi rencontré des acteurs économiques déjà impliqués dans des démarches de diversification.
Résumé
La diversification des activités et des revenus des pêcheurs et des aquaculteurs revêt trois formes : l'embarquement de passagers à bord de navires de pêche et d'aquaculture, pour découvrir les métiers correspondants (pescatourisme), la vente directe au consommateur final sans intermédiaire de produits de la mer à l'état frais ou transformés, et « l'ittitourisme » qui comprend toute une gamme de prestations centrées sur la découverte et la dégustation des produits de la mer.
La diversification des activités de pêche et d'aquaculture par le tourisme s'inspire de l'agritourisme. Elle est particulière dans le secteur maritime où la notion « d'exploitation » n'existe pas toujours dès lors que l'outil de travail est constitué par un navire, des viviers en mer ou des cabanes installées sur le domaine public maritime.
Cette diversification d'activité doit être bien comprise par ceux qui veulent la tenter, elle ne doit pas faire concurrence aux autres professions concernées (poissonniers, restaurateurs) et elle doit être favorisée par les pouvoirs publics grâce à une réglementation simple et adaptée et des mesures d'accompagnement touchant à la formation, à la communication et aux financements.
La mission recommande la reconnaissance de la diversification en l'incluant dans une définition de la pêche et de l'aquaculture comme partie prenante de l'activité primaire de production (article L-911-1 du code rural et de la pêche maritime). Une charte nationale associant les professions concernées, de la pêche et de l'aquaculture comme du tourisme, avec le soutien des pouvoirs publics, devrait être adoptée afin de fixer un cadre général au développement de la diversification.
La réglementation du pescatourisme fondée sur la sécurité des personnes embarquées est connue et acceptée par les armateurs. Une approche centrée à la fois sur le respect de la réglementation nationale et la prise en compte des situations particulières, sans surenchère locale, est recommandée afin de fluidifier sa mise en œuvre. L’accueil du public mériterait aussi une prise en compte dans la conception des navires de pêche.
La vente directe souffre d'une suspicion portant sur le respect des règles sanitaires et celui des obligations déclaratives. Il est préconisé de développer des points de vente mutualisés et équipés, et de permettre aux pêcheurs d'y effectuer les opérations destinées à répondre au mieux à l'attente des consommateurs. Pour le respect des obligations déclaratives, il est proposé d'installer, dans les points de vente, des balances électroniques enregistreuses reliées au dispositif national de statistiques des pêches.
L'ittitourisme, de pratique plus récente et peu connu, doit lui aussi respecter les règles sanitaires et ne pas porter préjudice à la restauration traditionnelle. Courant en ostréiculture proposant des produits crus à la consommation, il est plus complexe pour les produits consommés après une cuisson. La concertation entre les différents professionnels concernés, en lien avec les administrations, les collectivités locales et les offices de tourisme, est nécessaire pour faire émerger localement les solutions les plus appropriées. La mission recommande un accompagnement des professionnels portant sur la formation, initiale et continue, sur la communication (guides et sites Internet dédiés aussi bien aux professionnels qu'aux consommateurs), et sur le financement.
La diversification suppose un esprit d'entreprise et une capacité de communication pour développer des initiatives sortant du cadre traditionnel de la pêche et de l'aquaculture. Il s’agit souvent de marchés de niche, réservés à des projets bien préparés et réfléchis, où seule une démarche rigoureuse permet de minimiser les risques de s’engager dans des initiatives sans issue et coûteuses en investissements.
En ce sens, le succès de la diversification appelle une réelle professionnalisation de la part de ceux qui feront le choix de s'y consacrer.
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