« Dis-moi dix mots », ou l’art de sensibiliser à la langue française
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Au lycée agricole de Fontaines, en Saône-et-Loire, des lycéens se sont passionnés pour l’opération annuelle de sensibilisation à la langue française « Dis-moi dix mots » initiée par le ministère de la Culture. À partir de dix mots imposés, il s'agit de laisser libre cours à sa créativité. Céline Douvre-Joblot, leur professeur de français, raconte cette belle expérience… qui les a emmenés bien plus loin que prévu !
« Lorsque j’ai proposé ce projet, je ne peux pas dire que ce fut un franc succès », s’amuse Céline rétrospectivement. Pendant 8 mois, à raison d’une heure par semaine, ses 28 élèves de secondes général et pro se sont demandés ce qu’ils allaient bien pouvoir faire de chafouin, champagné, dépanneur, dracher, fada, lumerotte, poudrerie, ristrette, tap-tap et vigousse. Des mots d’origine provençale, belge, sénégalaise, suisse ou canadienne, tous accueillis par la langue française. « Nous avons travaillé sur les métaphores, en nous inspirant de la nature et de l’agriculture, des domaines qui leur sont familiers », poursuit Céline. « Ainsi, ils ont eu l’idée de parler du chant des mots, de ce qu'ils nous disent, et c'est vite devenu le champ des mots. » La métaphore ne demande alors qu’à être filée : écrire, c'est planter des mots comme des graines, les faire grandir, les nourrir, désherber, élaguer, arracher, et en planter de nouveaux… Un travail qui a permis aux deux classes d’associer leurs compétences dans un projet commun et de donner vie à deux productions ambitieuses : un guide du jardinier des mots et des origamis (art japonais du papier plié)autour de chaque mot.
La langue, un espace vivant et d’accueil
« En abordant les choses comme un jeu, cela nous a conduits à réfléchir à notre langue qui accueille sans cesse des mots venus de tous les horizons. C'est un matériau vivant qui s’enrichit, évolue, qui ne reste pas figé... et qui garde pourtant son identité », continue Céline. Au final, les élèves se sont beaucoup investis dans ce projet, et bien davantage qu’ils ne le pensaient au départ. « Ce qui me semble très important, c’est la fierté qu’ils ont eu à présenter ce projet à un jury national… et peut-être encore plus, celle de "s’approprier l’école" », conclut Céline. « Et je crois aussi que ce travail leur a fait sentir combien une identité peut être forte, vivante, tout en étant ouverte et plurielle. C’est particulièrement précieux à l'heure où les questions d'identité, d'accueil et de respect sont plus que jamais d'actualité. Changer notre regard, c’est l’affaire de tous. »
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