Diffusion de l’expertise forestière française à l’international – rôle de l’Office National des Forêts (ONF) et d’ONF International
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Le CGAAER a été chargé de dresser un bilan des actions forestières françaises à l’international et de proposer des mesures pour en conforter la qualité et les moyens, en s’appuyant sur les acteurs publics et privés concernés, dont ONF International.
Rapport de mission de conseil n°21082
Octobre 2023
Enjeux
Les enjeux de la forêt et du bois prennent de plus en plus d’importance dans le monde : déforestation, préservation de la biodiversité, puits de carbone, décarbonation, échanges internationaux et souveraineté nationale... L’influence de la France, grand pays forestier et contributeur majeur de l’aide au développement, dépend de l’expertise forestière mobilisable.
La mission du CGAAER avait pour objectif de dresser un bilan des actions forestières françaises à l’international et de proposer des mesures pour en conforter la qualité et les moyens, en s’appuyant sur les acteurs publics et privés concernés, dont ONF International.
Méthodologie
Après une période de recherche documentaire, la mission a conduit une série d’entretiens ciblés avec les acteurs qui proposent de l’expertise forestière à l’international, dans le champ concurrentiel ou non, et ceux qui utilisent cette expertise dans le cadre de politiques publiques ou pour développer des activités dans des pays tiers. Une attention particulière a été portée à l’ONF et sa filiale ONF International.
Résumé
La mission considère que la France jouit d’une bonne renommée en termes d’expertise forestière, mais que celle-ci a tendance à être positionnée sur des enjeux traditionnels (aménagements forestiers, plantations…) et pas suffisamment sur des enjeux émergents (restauration des forêts, biodiversité…). Les faiblesses de l’enseignement forestier français ne facilitent pas la diffusion de l’expertise et son adaptation aux nouveaux enjeux.
La France fait partie des plus importants bailleurs de fonds de l’aide au développement, que ce soit au niveau bilatéral ou multilatéral. La part de ces financements consacrée à des projets forestiers reste délicate à évaluer, comme elle l’est également au niveau international, faute d’indicateurs dédiés. Un ordre de grandeur de 100 à 150 millions d’euros par an pour la France est plausible, ce qui offre des possibilités significatives d’intervention. Les sphères d’influence traditionnelles de la France recoupent également des zones où les enjeux forestiers (déforestation, gestion durable, désertification…) sont majeurs (bassin du Congo par exemple, Afrique de l’Ouest, Maghreb…).
Pour autant, la mobilisation de cette expertise et l’usage de ces financements restent peu coordonnés et résultent davantage d’une juxtaposition d’initiatives, parfois conjoncturelles, au gré d’activités diplomatiques et de prises de positions sur la scène internationale. L’AFD est le vecteur principal et assure de fait un certain leadership, mais l’implication et la coordination des différents ministères concernés gagneraient à être renforcées pour dégager des lignes directrices partagées et suivies. Certains pays apparaissent plus offensifs et plus présents, comme l’Allemagne, les USA, le Royaume-Uni ou la Norvège.
Dans ce paysage, ONFI, filiale de l’ONF, est un petit acteur en termes de chiffre d’affaires, à l’image des autres bureaux d’étude français, mais occupe une place singulière depuis une trentaine d’années. ONFI bénéficie d’une expérience reconnue et de « la marque ONF », atout non négligeable auprès de partenaires forestiers de pays qui comptent souvent une part importante de forêts publiques. Les analyses conduites par la mission suggèrent qu’une évolution de la gouvernance d’ONFI permettrait de gagner en efficacité.