21 novembre 2022 Publication

Développement de l’algoculture en France

  • Béatrice Frécenon
  • Didier Khöller
  • Françoise Lavarde

Le CGAAER a été chargé d’examiner les conditions de développement de l’algoculture en France.

Bandeau du CGAAER lettre de novembre 2022 n°170
Deux marins tirant de la mer un support où son fixées des algues
Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

Rapport de mission de conseil n°21125

2022

Enjeux :

Alors qu’elle est souvent présentée comme un filière d’avenir, l’algoculture peine encore à se développer en France, se heurtant à de nombreux freins d’ordre règlementaire, économique et technologique.

Le Plan aquaculture d’avenir 2022-27 constitue une opportunité pour soutenir le développement de cette filière notamment au moyen d’une feuille de route opérationnelle.

Afin de l’établir, les ministres chargés de l’agriculture et de la mer ont souhaité confier au CGAAER une mission de réflexions afin de mettre au jour de nouvelles pistes et propositions concrètes pour le développement de la filière.

Méthodologie :

La mission, qui a bénéficié de l’appui de Gaëlle Chaigneau, administratrice en chef des affaires maritimes, a analysé l’abondante bibliographie disponible et réalisé, au cour du premier semestre 2022, une cinquantaine d’entretiens avec des acteurs de la filière.

Résumé :

Si la France est le deuxième producteur européen d’algues avec un volume annuel de l’ordre de 70 000 tonnes, cette production est essentiellement issue de la récolte d’algues dans le milieu naturel, en mer ou en rive. Quelles sont les possibilités de développement de l’algoculture dans l’objectif de préserver le milieu naturel et d’assurer une production régulière en qualité comme en quantité ?

Les débouchés des algues sont très variés. On peut schématiquement les regrouper en deux grandes catégories : l’alimentation humaine, qui valorise les algues entières, et les produits de bio-affinage, plus ou moins poussés, qui valorisent les composés d’intérêt extractibles. Certains de ces marchés, notamment celui des alginates, sont mondialisés et exigent une grande quantité de matière première à faible coût, alors que d’autres, notamment les valorisations en alimentation, en nutraceutique, cosmétique et pharmacie, sont des marchés de niche à forte valeur ajoutée qui traitent des quantités limitées de matière première. Les applications issues du bio-raffinage relèvent pour l’essentiel des biotechnologies dites « marines ».

La mission s’est focalisée sur le potentiel de développement de l’algoculture à destination de l’alimentation humaine ou comme culture associée dans le cadre de l’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI), en se limitant au territoire métropolitain.

Si les acteurs sont dynamiques et ambitieux, le développement de la filière reste obéré par un certain nombre de freins sur lesquels une intervention de niveau national serait souhaitable, sans pour autant justifier la mise en place d’une politique publique spécifique. C’est l’objet des sept recommandations formulées par la mission.

En outre, le développement de la filière se heurte à des difficultés techniques importantes qui n’ont pas été traitées car leur résolution relève d’actions professionnelles.

En définitive, la culture des algues ouvre un potentiel de développement à court ou moyen terme dans le secteur des biotechnologies marines en fonction des avancées, notamment en matière d’identification, d’utilisation et d’extraction des molécules d’intérêt.

En revanche le marché des algues alimentaires devrait rester tiré par des débouchés de niche pendant encore une longue période, ce qui ne doit pas empêcher les collectivités territoriales de conforter ce secteur bénéfique aux territoires en termes scientifiques, économiques et d’image.

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