24 février 2021 Publication

Déterminants de la prise de décision d’une transition vers l’agro-écologie

  • Jean-Louis Barjol
  • Marie-Lise Molinier
  • Bruno Godet

Le CGAAER a été chargé d’identifier les déterminants de la prise de décision par l’exploitant agricole d'une transition vers l’agro-écologie.

agriculture.gouv.fr Rapport de mission de conseil n°19070

Novembre 2020

Mots-clés : Agro-écologie, transition

Enjeux

L’agro-écologie a fait l’objet d’un développement réel depuis le Grenelle de 2007 et la loi d’avenir de 2014.

Toutefois, malgré une montée en puissance indéniable sur l’ensemble du territoire, les objectifs initiaux de massification qu’ambitionnaient les pouvoirs publics sont loin d’être atteints. L’enjeu est donc d’identifier les réserves à lever et les moyens à déployer pour favoriser une transition agro-écologique plus généralisée.

Le CGAAER a été chargé d’identifier les déterminants de la prise de décision par l’exploitant agricole d'une transition vers l’agro-écologie et d’expertiser les facteurs internes et externes à l’exploitation facilitant cette transition.

Méthodologie

Jusqu'en septembre 2019, la mission a réalisé un travail bibliographique, ainsi qu’une série d’entretiens préalables. Elle s'est ensuite déplacée dans trois régions pour y rencontrer les acteurs de terrain. Elle a également consulté quatre directions générales de la Commission européenne, des représentants d’organismes professionnels agricoles européens et des lobbyistes.

En 2020, la mission a été contrainte de s'adapter au contexte sanitaire imposé par la pandémie de COVID19. Elle a poursuivi des échanges en visioconférence avec les représentants de l’Office français de la biodiversité, des filières de productions, des syndicats agricoles, des parcs naturels régionaux, des entreprises. Au total, près de 170 personnes ont pu être entendues.

Résumé

L’agro-écologie s’est installée comme une réalité à bas bruit sur l’ensemble du territoire. Si des savoir-faire multiples se sont développés, ils peinent à réussir le « faire-savoir ».

Malgré la complexité des réponses à mettre à œuvre, il semble y avoir actuellement une conjoncture favorable à une massification tant des pratiques agro-écologiques que des systèmes agro-écologiques :

  • l’attente des consommateurs et des citoyens en faveur du développement de l’agro-écologie est forte ;
  • les IAA voient des opportunités de marchés dans ces attentes nouvelles ;
  • le monde agricole et syndical y voit une opportunité tant pour améliorer sa place et son image dans la société que pour assurer sa rémunération ;
  • les pouvoirs publics disposent de leviers financiers puissants avec la mise en œuvre du plan de relance et la nouvelle PAC.

L’identification par la mission d’un foisonnement d’initiatives agro-écologiques, souvent diffuses, parfois complexes, mais toujours adossées à des réalités locales d'ordre social, économique et environnemental, permet d’envisager l’avenir positivement.

Une voie vers l’agro-écologie a été ouverte par des pionniers. S'y ajoute actuellement un contexte global favorable.

Pour franchir une nouvelle étape vers une généralisation de l’agro-écologie, la mission recommande d’agir simultanément dans plusieurs directions :

  • La fonction de conseil agricole doit confirmer son évolution vers le conseil stratégique individuel, sans marginaliser certains agriculteurs, et relever le défi de la formation des conseillers. Ces derniers doivent devenir des assembleurs d’expertises diverses au profit du projet de transition agro-écologique de chaque agriculteur, dans un contexte territorial et de filière précis.
  • Le contexte territorial et de filière n’est pas une abstraction. C’est une construction portée par les acteurs socio-économiques sur un territoire donné, avec l’appui de la recherche, des instituts techniques et des autorités publiques. Á cet égard, le dialogue État-Région devrait être refondé.
  • L’accompagnement financier de la phase de transition agro-écologique doit être à la mesure des efforts consentis en faveur de la conversion vers l’agriculture biologique. La réforme de la PAC et la rédaction du PSN sont une opportunité à saisir.
  • Le résultat doit être attractif pour l’agriculteur en termes d’amélioration de sa place et de son image dans la société, et assis sur des réalisations concrètes en faveur de l’atténuation du changement climatique et de la préservation de l’environnement. Il doit également permettre une amélioration de ses revenus.
  • Cette transformation suppose que la concurrence soit loyale avec les produits mis sur le marché intérieur européen, qu’ils proviennent d’États membres ou de Pays tiers.

Enfin, pour catalyser l’ensemble des initiatives agro-écologiques, les agréger, les multiplier, le discours politique porté par les représentants de l’État nécessite davantage de constance dans l’affirmation des priorités.

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