Des sacs à main et des sandales en cuir de poisson
Partager la page
Comment valoriser les peaux de poisson ? À la Teste-de-Buch, près d'Arcachon, Marielle Philipp a relancé une filière très en vogue sous la marquise de Pompadour (XVIIIe) : le cuir de poisson.
Dans la famille Philip, l'univers marin se transmet de génération en génération. Son grand-père qui l'emmène à la pêche, le poisson au menu tous les jours : « j'ai grandi les pieds dans l'eau ! » confie Marielle.
Après avoir obtenu un Master 2 en droit de l'environnement et gestion des littoraux, elle se lance dans un projet audacieux : le cuir de poisson. « Je trouvais ça dommage que les déchets de poissons ne soient pas valorisés ».
La jeune femme commence à réaliser des essais au fond du garage familial, et réussit, au bout de quelques mois, à obtenir de très beaux résultats. Un premier défi l'attend : trouver du matériel adéquat pour écharner les peaux tout en veillant à ne pas les déchirer. Vient ensuite le démarchage : échanges avec les pêcheurs de la région, présentation du projet. Pari gagné : on lui confie les peaux de poissons qu’elle traite selon une démarche écologique. Marielle n'utilise aucun produit chimique pour tanner ses peaux, préférant le broyat de mimosa.
Peu à peu, l'entreprise Femer peau marine prend forme. La peausserie travaille une quinzaine d'espèces de poissons de la région : bar, saumon, esturgeon… « Je récupère quotidiennement les peaux à la criée d'Arcachon, soit environ une tonne de poissons par an ». Un travail au gré des arrivages, des filets de pêcheurs. Et à chaque espèce, sa saisonnalité : « Les clients sont exigeants et recherchent une unité dans la production. C'est parfois difficile d'expliquer qu'on ne peut pas s'approvisionner toute l'année. Car l'idée est bien de valoriser des déchets, pas d'élever des poissons pour récupérer leur peau. »
Sandales, maroquinerie… le poisson se décline sous différents produits et coloris. Un challenge technique et sociétal : il faut réussir à créer une matière souple, travailler sur les textures, le toucher, mais surtout convaincre les acheteurs et leurs préjugés. Car non, le cuir de poisson n'a pas d'odeur.
La start-up Femer peau marine en quelques chiffres
- Une tonne : volume de peaux de poissons récupéré par an ;
- 6 ans : l'âge de la start-up ;
- 15 : nombre d'espèces de poissons travaillées (bar, sole, esturgeon,etc.) ;
- l'entreprise fonctionne avec deux associés (dont Marielle) et emploie huit travailleurs handicapés de l'ESAT de la commune de Gujan-Mestras.
Plus d'informations sur Femer.
Crédit photo : Femer.
Voir aussi
Des algues pour réduire la dépendance au plastique
05 juin 2019Production & filières
Animation : tout comprendre sur la bioéconomie
28 août 2018Production & filières
Cultiver la mode durable en France
08 janvier 2019Production & filières