Comment améliorer sous l'angle technique et règlementaire l'usage de l'eau par les industries agroalimentaires ?
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Une mission du CGAAER a analysé la situation des industries agroalimentaires au regard de leurs besoins en eau et du développement de leur sobriété hydrique pour concilier la souveraineté alimentaire et l’adaptation au changement climatique.
Rapport de mission de conseil n°23076
Juillet 2024
Enjeux
Le secteur agroalimentaire, stratégique pour la Nation, s’affirme comme l’un de ceux qui mobilisent le plus d’eau. Il ne peut fonctionner sans eau et les enjeux de maîtrise sanitaire, compte tenu de sa vocation alimentaire, emportent pour cette ressource des exigences fortes de qualité. Or, une vision globale de la relation à l’eau des industries agroalimentaires (IAA) manque encore. Alors que le Plan eau invite toutes les filières économiques à réduire de 10 % leurs prélèvements d’ici 2030, une meilleure connaissance des situations et des démarches engagées par les IAA doit permettre de les accompagner efficacement dans leurs efforts supplémentaires de sobriété.
Méthodologie
Sur des filières et territoires représentatifs de la diversité du secteur et des contextes, la mission a recensé les sources d’eaux non conventionnelles (ENC) et leurs usages potentiels, examiné les pistes de réduction des prélèvements et de réutilisation d’eaux, ainsi que les difficultés et leviers possibles. Elle a conduit près de 150 entretiens auprès d’un large éventail d’acteurs nationaux et locaux. Elle s’est rendue dans 4 régions métropolitaines et a échangé avec des acteurs d’un territoire ultramarin.
Résumé
La mission constate qu’une objectivation robuste des volumes d’eau prélevés par les IAA fait aujourd’hui défaut. Les estimations varient du simple au double selon les sources. Certains termes et notions mériteraient en outre d’être clarifiés.
Certaines filières ou entreprises, particulièrement celles qui en prélèvent ou en produisent le plus, optimisent de longue date la gestion quantitative de l’eau. Mais ce n’est pas toujours le cas. La sécheresse de 2022 et la perspective d’un manque d’eau entravant la production et portant atteinte à la compétitivité des entreprises ont cependant fait remonter le sujet de la sobriété hydrique dans l’ordre des priorités des industriels.
Des capacités d’ingénierie et des solutions techniques à même d’appuyer la transition des IAA vers une gestion de l’eau plus résiliente existent.
Le cadre réglementaire prévu par le Plan eau, est désormais opérationnel. Sous réserve d’un accompagnement adapté, il devrait permettre l’essor du recyclage des diverses catégories d’eaux produites dans les IAA, qui représente un potentiel d’économies considérable.
La mission insiste sur quelques points fondamentaux :
- Toute démarche visant l’amélioration de la résilience hydrique d’une IAA devrait s’appuyer sur une connaissance fine des circulations et usages de l’eau au sein de celle-ci, et donc démarrer par une étape d’inventaire ;
- La première eau économisée est celle qui n’est pas mobilisée : il est donc important de réduire avant de songer à recycler et réemployer ;
- L’évaluation à deux ans, prévue dans le décret du 24 janvier 2024, est à préparer sans attendre ;
- Les industriels ont de nombreux autres défis que celui de la sobriété hydrique à relever. Ils auront besoin de visibilité pour pouvoir réaliser les investissements nécessaires, qui peuvent être élevés ;
- Les entreprises de taille modeste, très majoritaires dans le secteur, ont un besoin particulier d’accompagnement ;
- La visibilité des guichets et des aides existantes pourrait être renforcée et les dispositifs rendus plus attractifs, voire repensés, afin de mieux répondre aux enjeux ;
- Le secteur de la recherche, de l’innovation et du développement doit rester mobilisé, pour traiter les sujets prioritaires repérés ;
- La question des moyens des services chargés de l’instruction et du contrôle ne doit pas être éludée. L’enjeu est triple : formation des agents, unicité d’approche et calibrage des équipes