Houblon de Terroir : au lycée agricole Étienne Restat, on plante les graines d'une nouvelle filière de diversification
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À Sainte-Livrade-sur-Lot, en Lot-et-Garonne, une parcelle de cultures contraste avec les habituels pruniers de la région. Depuis avril 2019, le lycée agricole Étienne Restat accueille la première houblonnière expérimentale du sud-ouest, de surcroît en bio. Un projet de territoire innovant et multipartenarial initié par Hopen, start-up spécialisée dans la relocalisation du houblon.
Septembre. Le moment de la récolte des premières plantes de houblon est enfin arrivé et, pendant que l'engin agricole les décroche un à un, on peut ressentir l'enthousiasme de la petite équipe du projet Houblon de Terroir. Et pour cause, depuis 5 mois, elle prend soin de cette parcelle test d'un hectare cultivée en bio au cœur de l'exploitation agricole du lycée agricole Étienne Restat.
« Le houblon, qui se présente sous la forme de grandes lianes pouvant atteindre 8 mètres de hauteur, est un ingrédient-clé dans la composition de la bière », explique Fanny Madrid, cofondatrice de la start-up Hopen. « C'est lui qui va donner à la boisson ses arômes et son amertume, et lui faire bénéficier de ses propriétés de conservation. » Le problème, c'est que la production française ne répond plus à la demande générée ces dernières années par l'explosion des brasseries artisanales. Elles sont obligées d'importer plus de 80% du houblon qu'elles utilisent.
C'est de ce constat qu'est née Hopen. Après identification de plusieurs terroirs, elle choisit le Lot-et-Garonne pour relancer la filière houblon du sud-ouest. « Ce projet intéresse la profession, d'une part parce que le houblon est une culture à forte valeur ajoutée, et d'autre part parce que beaucoup d'agriculteurs lot-et-garonnais cherchent à se diversifier davantage », résume André Chanfreau, directeur de l'AgroCampus 47, qui regroupe les établissements d'enseignement agricole du département.
Une parcelle test pour expérimenter…
Mais l'intérêt ne suffit pas. Comme le précise Lucie Le bouteiller, également fondatrice de Hopen, « un agriculteur a besoin de concret avant de se lancer. La parcelle est là pour montrer ce qu'est le houblon, comment la plante pousse, ce que ça représente en termes d'investissement, de matériel… ».
Sur la parcelle, 15 variétés de houblon ont été plantées de manière à étudier leur adaptabilité au terroir local, que ce soit au niveau sensibilité aux maladies, pression de ravageurs, croissance et rendement. « Le suivi scientifique est assuré par des chercheurs de Bordeaux Sciences Agro », ajoute Lucie Le bouteiller. Objectif : créer des référentiels technico-économiques de culture du houblon en agriculture biologique. « Le houblon représente très peu de surface au niveau mondial, il n'existe donc à ce jour aucun référentiel sur sa culture, et encore moins en bio », poursuit-elle.
… et former les futurs houblonniers
Si la parcelle donne à voir, elle est aussi un véritable support de formation pour les agriculteurs de la région. Une trentaine d'agriculteurs ont déjà suivi les 4 journées de formation animées par Lucie Le bouteiller, employée à mi-temps par le lycée agricole. « On est en train de monter une formation UCARE (Unité d'adaptation régionale à l'emploi) qui permettrait aux agriculteurs de suivre sur toute une saison les différentes étapes de la culture », complète André Chanfreau. « Et pourquoi pas, aussi, introduire un module spécifique dans certaines formations BTSA de l'établissement… »
Dans le même temps, l'un des conseillers de la Chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne, également partenaire du projet, se forme à la culture de houblon de manière à accompagner techniquement les producteurs qui se lanceront dans l'aventure. Et plusieurs installations sont déjà prévues...
Un projet de territoire multipartenarial
Aujourd'hui, Houblon de Terroir entre dans le cadre d'un PEI (Partenariat européen pour l'innovation) et d'un financement FEADER portés par la région Nouvelle-Aquitaine. Il réunit 12 partenaires, dont la Chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne, l'AgroCampus 47, Bordeaux Sciences Agro, un pépiniériste local et la FDCUMA47 (Coopérative d'utilisation de matériel agricole) qui a investi dans du matériel spécifique. Chacun joue un rôle dans la construction de cette filière pilote.
« Ce projet, qui crée une belle dynamique au sein du lycée et du département, s'inscrit totalement dans les missions de l'enseignement agricole, parmi lesquelles l'expérimentation et l'animation du territoire », rappelle André Chanfreau. « Et si nous sommes autant à avoir répondu à la proposition de Hopen, c'est aussi parce que l'AgroCampus 47 dispose d'un fort ancrage territorial. »
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La première récolte en images
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