Apiculture : une filière reine
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Sur le plateau de Valensole, près d’Aix-en-Provence, les agriculteurs coupent la lavande fin juillet. Il est alors temps pour les apiculteurs de récolter le miel. Rencontre avec Philippe Dauzet, aux petits soins pour ses abeilles.
Apiculteur depuis 23 ans aux multiples casquettes, Philippe Dauzet a rarement le temps de se poser : « Je possède 96 ruches sur le plateau de Valensole mais au total, j’en ai environ 400 en production réparties sur différents sites. » Miel de romarin, d’acacia, toute fleurs, de châtaigner...À Valensole, il le sait, la "vallée du soleil" est unique. La lavande s’étend à perte de vue. La réputation du miel qui en est issu n’est plus à faire. Son goût subtil et délicat est très prisé des gourmets. Récolté dès la fin du mois de juillet, le miel de lavande se distingue d’ailleurs par ses deux signes de qualité : l’indication géographique protégée (IGP) "miel de Provence" et le Label rouge.
Ouvrières de l’agriculture
Placées dans un bosquet à l’abri des regards, les ruches de Philippe Dauzet sont réparties par groupes de trois ou quatre à l’extrémité d’une parcelle. L’apiculteur fend un nueages d’abeilles, qui se reforme aussitôt derrière lui. Pour avertir les locataires des lieux de sa visite, Philippe Dauzet utilise un enfumoir, une sorte de soufflet qui produit de la fumée à la base des ruches. Les insectes s’éparpillent. Nuée jaune et noire. Vrombissements.Dans l’ombre des ruches, des abeilles s’activent. Qu’elles soient nourricières, magasinières, bâtisseuses, gardiennes, chacune se voit attribuer une tâche bien précise. La reine, marquée par l’apiculteur d’un point de couleur sur la tête, domine à la fois par sa taille et sa longévité. Quant aux butineuses, elles sont chargées de collecter le nectar qui sert à la fabrication du miel. Increvables pendant trois semaines l’été, elles meurent ensuite d’épuisement, sans avoir cessé un seul instant leur activité. Résultat de la mécanisation, à la fin de la miellée, les abeilles sont chargées sur des camions au moment de la transhumance, et non plus à bout de bras comme avant.
Observation, persévérance, déduction
« C’est la proximité de la nature qui m’a fait choisir ce métier » explique-t-il. « Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de l’agriculture tout en étant autonome. » Passionné, il observe ses abeilles, réfléchit et relève la tête. L’apiculture est un métier où il faut parfois avancer dans le brouillard. « Pourquoi connaissons-nous parfois un taux de mortalité élevé ? Comment expliquer certaines pertes hivernales ? Pourquoi y a-t-il parfois tant de bourdonneuses ? » Les maladies, l’environnement, la nourriture ... Les questions se bousculent. Les défis qui attendent l’apiculture sont encore nombreux : « L’objectif de la filière est de contribuer à la production de semences afin de sélectionner les espèces les plus adaptées au climat français. En tant qu’apiculteur, je me considère avant tout comme un éleveur, loin de l’image d’Epinal du cueilleur de miel », ajoute Philippe Dauzet.