Alimentation et élevages : externalités positives
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L’élevage, pilier historique de l'agriculture et de l'alimentation françaises, est aujourd'hui fréquemment remis en cause. Afin d’objectiver les différents apports et impacts de cette filière, le CGAAER a été missionné pour analyser ses externalités, à la fois diverses et positives pour nombre d'entre elles.
Rapport de mission de conseil n° 23047
Juillet 2024
Enjeux
Bien que la consommation de viande ne diminue pas mais se redistribue plutôt entre les espèces, les élevages français, toutes espèces confondues, font face à un mouvement de décapitalisation du fait, notamment, de la morosité des éleveurs et d’un discours globalement négatif sur les impacts environnementaux. Cette situation détériore la souveraineté alimentaire de la France, son marché du travail (emplois directs ou liés) ainsi que la biodiversité et les puits de carbone associés aux prairies. Faire connaître les impacts positifs de l’élevage est nécessaire pour l’attractivité du métier d’éleveur et celle des produits d’origine animale.
Méthodologie
La mission a rencontré des représentants de la société civile, des éleveurs et des scientifiques pour analyser les faits et les discours portés sur l’élevage et l’alimentation. Elle s’est rendue en Bretagne, région caractérisée par un élevage dit intensif, et en Occitanie où les densités d’animaux sont beaucoup plus faibles. Après avoir évalué ces éléments et dégagé les effets positifs (et négatifs) des filières animales, elle a tenté d’objectiver plusieurs controverses.
Résumé
Depuis des millénaires, l’espèce humaine a tissé avec les animaux domestiques des liens de co-dépendance qui ont structuré sociétés et paysages. Ces liens se distendent et désormais les opinions prétendant que l’élevage est responsable de multiples désordres climatiques, environnementaux ou de santé publique fleurissent.
La mission a abordé en priorité les externalités positives, sans occulter d’autres impacts, moins favorables ou justifiables.
La mission montre que le discours incriminant l’impact de l’élevage sur le réchauffement climatique ne doit pas ignorer la différence de fond entre le méthane biogène, émis par les ruminants, et le méthane additionnel, issu de l’utilisation de stocks fossiles. La possibilité d’abaisser de manière très substantielle les émissions par une autre gestion des troupeaux, sans pâtir des inconvénients qu’entraînerait leur diminution, est aussi un élément à prendre en compte.
Le débat, portant sur la nocivité supposée de la viande pour la santé, est tranché par les études montrant que le problème provient davantage d’une consommation insuffisante de fibres végétales que d’une surconsommation de protéines animales. Il convient donc de rééquilibrer les parts animale et végétale, afin de bénéficier de la complémentarité des unes et des autres.
La mission s’est enfin intéressée à d’autres enjeux. Elle a pointé l’aberration d’une France où l’élevage diminuerait tandis qu’augmenteraient les importations de viande ou d’autres produits animaux. Elle s’est penchée sur le rôle de l’élevage en matière de souveraineté alimentaire et de vitalité des territoires (emploi, production de richesses économiques et culturelles, balance commerciale). Les conséquences d’un abandon de l’élevage sont explorées en termes de biodiversité, recyclage des coproduits de l’agriculture, fertilisation, entretien et valorisation de milieux semi-naturels (zones humides et coupe-feu), fourniture de ressources pour la bio-économie...
Les missionnés ont émis des recommandations sur plusieurs sujets :
- la complémentarité entre alimentation animale et végétale et la diversité des sources alimentaires, propres à garantir une bonne santé,
- le lien à expertiser entre élevage et agriculture biologique, à partir de l’enjeu de la fertilisation des terres,
- les outils de mesure des empreintes carbone utilisés au niveau national afin de les relier aux outils de progrès du terrain et aux outils internationaux,
- l’accompagnement zootechnique des éleveurs par les chambres consulaires et les vétérinaires, à partir du constat d’une réduction possible des gaz à effet de serre indépendamment de celle des effectifs,
- le rapprochement des filières lait et viande, afin de bénéficier de leur complémentarité et réduire leurs empreintes carbone respectives