AgTech : le numérique français s’exporte en Serbie !
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Fin mai 2018, la France arborait son pavillon tricolore sur le stand Business France à la foire internationale agricole de Novi Sad, en Serbie. Un événement annuel majeur mobilisant 500 exposants venus de 25 pays et comptant près de 140 000 visiteurs.
Cette année, la France a bénéficié de beaucoup de visibilité sur son stand, recevant notamment le ministre serbe de l’Agriculture et le Premier Ministre Serbe. Le stand Business France a hébergé 6 entreprises ou organismes, ainsi que les résultats d’un jumelage européen sur les zoonoses copiloté par la France. Tous ont pu rencontrer de potentiels partenaires et partager leurs enjeux et bonnes pratiques au sein du « club Agro », animé par la conseillère régionale pour les affaires agricoles, Marie-Luce Ghib.
Un séminaire sur l’agriculture et le numérique, organisé par le ministère de l’Agriculture en collaboration avec le service Économique de l’Ambassade de France, a permis d’échanger autour des témoignages de quatre experts :
- Pierre Compère du pôle de compétitivité agricole Agri Sud-Ouest Innovation. Ce Pôle fédère plus de 420 acteurs publics et privés des mondes de la recherche, de l’enseignement et de l’entreprise. Le numérique compte parmi les premiers leviers d’innovation actionnés par ses adhérents ;
- Carole Rocca, du groupe InVivo. Né de l’union de 206 coopératives, ce groupe coopératif, implanté en France et à l’international, est particulièrement investi dans le développement de l’agriculture numérique ;
- Alexandre Petrovic, de Pixel inc. Cette société fournit des objets connectés et services numériques aux agriculteurs serbes ;
- Igor Molnar de TIMAC AGRO Serbie. Filiale du groupe Roullier, Timac Agro intervient sur le marché des engrais et des biostimulants, de l’alimentation et de l’hygiène animale.
Agri Sud-Ouest Innovation stimule et soutient le développement de nombreux projets dans le domaine de l’AgTech. Lors du séminaire, Pierre Compère a pu exposer une vision de la chaine de valeur de la donnée en agriculture et présenté l’initiative DIVA (« Boosting Innovative Digitech Value Chains for Agrofood, forestry and environment ») à destination des PME souhaitant accélérer la mise en marché de leurs innovations agtech.
À ses côtés, Carole Rocca, directrice de projet du programme Fermes LEADER, a présenté les initiatives mises en place par les coopératives françaises pour accompagner le déploiement des services numériques et en mesurer les bénéfices, à l’échelle de l’exploitation, en termes économiques, environnementaux et sociaux. Le projet Fermes LEADER est un réseau d’exploitations connectées organisées en living-lab de l’AgTech. Ce réseau fédère 21 coopératives, des acteurs de la recherche et des instituts techniques. Un programme qui s’adresse aussi bien aux céréaliers, qu’aux viticulteurs et aux éleveurs.
Cette courte mission a offert aux intervenants français invités un premier aperçu sur l’agriculture serbe, notamment du nord du pays. « Nous avons pu traverser les grands espaces de la province autonome de Voïvodine sur lesquels se déploient des grandes cultures sur des terres très fertiles et un élevage intensif. On dénombre dans cette zone quelques très grandes exploitations, certaines dépassant les 10 000 hectares » raconte Pierre Compère. Aujourd’hui 3% des exploitations agricoles détiennent 44% de la SAU (surface agricole utile) ! Les mégafermes, principalement au nord du pays, côtoient de beaucoup plus petites exploitations familiales : pour la Voïvodine, la taille moyenne des exploitations est de 12 hectares. Elle est encore inférieure dans le centre et le sud du pays, régions de montagne et de petites structures agricoles avec de l’élevage, de la vigne, mais aussi des petits fruits : la Serbie est le second exportateur mondial de framboises !
« La présence d’exploitations de si grande taille contribue probablement à expliquer l’appétence des agriculteurs présents pour la télédétection, les services numériques et objets connectés » mentionne Carole Rocca. « Nous avons pu amorcer des contacts avec des institutions techniques et entreprises fortement engagées dans l’agriculture numérique. Plusieurs proposent, autour de services de télédétection, de capteurs ou plus classiquement de la distribution d’intrants, des plate-formes intégratrices de données et de services numériques » poursuit Pierre Compère. « Les innovations portées par les adhérents que nous accompagnons peuvent probablement trouver un marché en Serbie » estime-t-il.
« Réciproquement, leur capacité à combiner sur l’exploitation plusieurs services et à les intégrer pour un meilleur fonctionnement de l’exploitation peut être un retour d’expérience constructif pour les fermes françaises » ajoute Carole Rocca. Des échanges d’intérêt qui ne sont pas réservées aux grandes cultures : « Nous avons rencontré des producteurs de framboises du sud de la Serbie qui étaient très intéressés par les capteurs météos et leur suivi pour optimiser les récoltes », précise-t-elle.
Plusieurs entreprises françaises sont d’ailleurs déjà implantées localement. S’appuyant sur l’engagement de la Serbie dans le processus d’adhésion à l’Union européenne, des centres de recherche français (tel que l’Inra) et européens ont également engagés d’importants partenariats de R&D.
Ce séminaire s’est déroulé quelques semaines après le lancement de la « première ferme digitale de Serbie ». Ce projet s’inscrit dans la cadre du « Centre of Excellence for Advanced Technologies in Sustainable Agriculture and Food Security » hébergé par BioSense (Research and Development Institute for Information Technologies in Biosystems) et doté d’un budget de 28 millions d’euros, cofinancé par l’État serbe et l’Union européenne dans le cadre du programme H2020. La Serbie se positionne clairement comme un leader agricole régional, et plus particulièrement en matière d’agriculture numérique.
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